« Tu devrais faire de la proprioception avec ton chien » oui d’accord, mais comment ?
Ce terme devenu très en vogue dans les années 2010 s’est tant popularisé qu’il n’est plus qu’un concept vague. Les articles et vidéos d’amateurs vous conseilleront tout et n’importe quoi. Assis, couché, donne la patte, tourne et fais le beau : proprioception ! Sauter ? Proprioception ! Nager ? Proprioception !
Laissez donc une professionnelle certifiée vous guider.
La proprioception est la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps. Ce n’est pas de la musculation. Les exercices qui permettent de l’améliorer vont mobiliser les parties du corps que le chien utilise sans trop y penser (notamment les membres postérieurs). On peut également renforcer ses aptitudes à l’aide de matériel instable, permettant au chien d’avoir plus de maîtrise sur son équilibre et sa coordination. C’est une excellente préparation aux sports comme l’agility, le frisbee ou l’oberythmée.
Des inégalités d’individu en individu
Le chien du voisin est une ballerine agile et délicate, alors que le votre s’élance tel un petit tonneau ? Il se prend les pattes dans sa propre queue, se vautre lorsqu’il saute et vous donne l’impression d’avoir un chien croisé avec une pomme de terre ? Tristement, tous les chiens ne naissent pas égaux face à ce sixième sens qu’est la proprioception. Si leur vue et odorat ne change guère d’individu en individu, la conscience des quatre membres peut varier de tout ou rien.
Une aptitude naturelle
La proprioception se développe avec l’âge, et au fur et à mesure du développement sensori-moteur de l’individu. Le chiot aveugle et rampant apprendra doucement à se servir de ses pattes, et petit à petit, galopera avec aise. Il restera pataud, tombera aisément et aura beaucoup de mal à gérer les changements de hauteur et de stabilité si l’éleveur ne l’y a pas préparé. C’est pendant cette période (de quatre à douze semaines) que le chien développera son système proprioceptif.
Le rôle d’un bon éleveur
Comme mentionné dans le paragraphe précédent, les chiots initiés aux matériaux instables auront bien plus de facilité à construire une conscience corporelle poussée. Des coussins plats dans le parc à chiot, sous la cage où ils dorment tous, une balance par ci, un pont par-là, la gamelle entre une planche d’équilibre et un tunnel… En participant non seulement à leur socialisation, ces objets permettent aux chiots d’explorer les différences de texture et de support. En apprenant très tôt à négocier l’instabilité d’un petit disque d’équilibre, ils auront plus de facilité à se mouvoir et à négocier des environnements compliqués sans se blesser. Il est donc très important, si l’on souhaite pratiquer des sports cynophiles avec son futur compagnon, de bien choisir son élevage.
Des lacunes chez certaines races
On aura tous déjà connu ce genre de chien qui en sautant le moindre obstacle, s’y éclatera les pattes postérieures. (Généralement, ce chien là… C’est un berger australien !). En effet, certaines races sont plus prônes à une conscience corporelle élevée, et soit évolueront avec plus d’aise en terrain varié, soit feront tout simplement plus attention. En combinant une conscience proprioceptive faible et i, tempérament exubérant, on a plus de chances d’avoir un chien pataud, même à l’âge adulte.
Le caractère joue aussi !
Pas de surprise, si Iron le labrador glisse souvent et rate ses sauts, c’est aussi parce qu’il a un caractère plus excitable et enthousiaste. Sa joie naturelle de vivre l’entraine dans des courses effrénées, et il ne fait pas toujours attention où il met les pattes. A l’inverse, Prunelle la dalmatienne est d’une rare délicatesse. Elle se déplace comme en flottant, sur ses longues pattes, et se glisse partout sans soucis. Plus posée qu’Iron, elle regarde où elle va et calcule chaque bond avant de le faire, et les rate rarement. Eh oui, à travers cette illustration un peu caricaturale se cache bien la vérité ! Le caractère du chien aura un rôle dans sa capacité à économiser son propre corps. S’il peut percuter un tronc d’arbre et repartir avec la même joie, il ne fera pas nécessairement plus attention la prochaine fois
L’intérêt d’aider son chien à gagner en proprioception
Vous savez qu’il faut en faire, très bien. Mais, à quoi ça sert ? Quels sont les bénéfices ? On peut trouver tout et n’importe quoi en ligne, comme si ce mot magique pouvait régler tous les problèmes de motricité. Il fait des barres en agility ? Proprioception ! Il a une dysplasie ? Proprioception !
Oui, le sujet est lucratif mais très peu de personnes ayant décidé d’en parler ont réellement suivi une formation. (Si vous voulez vérifier les miennes, c’est par ici).
Prévention des blessures
Un chien qui a conscience de son corps fera plus attention à la flexion et l’extension de ses membres, principalement lors des sauts. Mais l’abord et la réception pourront gagner en propreté, en évitant les appels trop tôt et les réceptions déséquilibrées. De même, un chien habitué à gérer le poids de son corps sur des surfaces instables aura plus de facilité à se rattraper, éventuellement avant ou après une glissade, mais également en transférant son poids en avant, en arrière, à gauche ou à droite pour rétablir son équilibre. Une compétence plus que recherchée, voire même indispensable si on pratique un sport canin. Agility, frisbee ou autres sports intenses à base de courses et de galop sont très souvent traumatiques pour le corps d’un chien peu (ou mal) préparé.