Cohabitation chiot-chien : évitez ces erreurs

Adopter un chiot, c’est participer à la découverte de son environnement, et ça commence par votre foyer. Vous avez pris soin de ranger la nourriture, les chaussures et les câbles, mais comment introduire votre nouveau compagnon à vos autres chiens ? Est-il judicieux de les laisser se rencontrer immédiatement ? On pense souvent que les grands seront les professeurs du petit, mais doit-on les laisser tout gérer ? Comment préparer cette rencontre et les semaines qui vont suivre pour 15 ans de cohabitation harmonieuse ? 

C’est à l’humain de gérer l’introduction du chiot auprès des plus âgés. Une bonne méthode consiste à laisser les chiens de se renifler d’abord sans se voir, puis organiser la rencontre dans un lieu neutre. Commencez la balade avec les deux chiens éloignés à distance, puis rapprochez-vous quand ils sont calmes. Surveillez l’interaction pour qu’aucun ne monte en excitation. 

Préparer la cohabitation entre mon chien et le chiot

Votre chiot peut devenir le meilleur ami de votre chien, ou le pire... Toute la cohabitation repose sur la gestion de la première rencontre, puis de la cohabitation

Le chien adulte dans votre foyer a déjà sa routine. En fonction de son âge et de sa personnalité, il n’a pas envie d’être constamment sollicité par un bébé énergique. Souvent, le chiot prend l’adulte comme modèle, ce qui pousse ce dernier à  assumer un rôle d’enseignant malgré lui. Supporter les incessantes demandes du chiot sans répit risque rapidement de le fatiguer. L’heureux événement est associé à une intrusion plus qu’une intégration et il le fait parfois savoir de manière expéditive. On a alors l’impression d’avoir un chien intolérant, qui n’accepte pas (et n’acceptera peut-être jamais) le nouveau.

Jusqu’à présent, l’adulte avait l’accès libre à toutes les ressources, y compris les zones de repos, la nourriture, les jouets, et même votre affection. Si vous avez déjà plusieurs chiens, ceux-ci se connaissent et se sont déjà adaptés au caractère de chacun. Le changement soudain peut les stresser. Ils doivent faire face à un petit être remuant qui modifie l’équilibre du groupe. La dominance n’existant pas, nos chiens sont simplement comme nous, sensibles aux nouveautés. À nous de leur montrer que celles-ci sont positives. 

Soyez juste avec votre aîné. Ne favorisez pas le petit dernier (chiot ou adulte) sous prétexte qu’il vient d’arriver. Passez des moments privilégiés avec le grand et prenez en compte ses sentiments. Vous devez lui prouver que l’arrivée du petit dernier n’est pas une fatalité : cela signifie parfois moins d’attention, plus de solitude mais en aucun cas une dégradation de son confort. Mieux encore ! Être « grand frère » ou « grande sœur » est synonyme de davantage de jeux et de câlins à partager.

Comment faire pour bien accueillir un chiot ?

Une cohabitation à distance

Pour votre chiot, l’arrivée dans un nouvel environnement représente un immense chamboulement. Il ne connaît personne, sa mère et sa fratrie lui manquent. Soyez disponible pour l’aider à s’intégrer. Préparez l’espace avant de l’accueillir en assurant la sécurité de base, comme cacher les câbles et ranger les objets à mâcher, mais surtout n’oubliez pas d’isoler vos autres chiens.

Afin que votre petit bout ne soit pas directement confronté à la meute -et inversement- aménagez un espace confortable mais clos avec de l’eau, de la nourriture et des paniers. Si vous avez des fenêtres qui donnent sur l’autre pièce, mettez des serviettes dessus afin d’éviter au maximum le contact visuel. Vous anticipez ainsi des aboiements et autres signes d’excitation qui pourraient stresser tout le monde. Pour mini-Fido, choisissez l’endroit où vous pourrez vite sortir dans la rue ou le jardin si besoin, sans croiser les autres toutous du foyer. 

La rencontre olfactive 

On pense souvent que la rencontre commence lorsque les chiens se reniflent les parties génitales, mais ce serait réducteur. De très loin, chacun sent la présence de l’autre. Truffe au vent, ils captent déjà de nombreuses informations sur l’âge, le sexe, la santé d’autrui, voire leur état émotionnel. À travers la porte, le petit et ses nouveaux camarades ont le temps d’assimiler la présence d’autres congénères. 

Laissez votre chiot se reposer après la journée épuisante qu’il a eu. Passez votre nuit à ses côtés en le réconfortant si besoin. Il vient de perdre sa première famille, de quoi être déboussolé. Vous créez ainsi un premier lien positif, en montrant au chiot qu’il peut avoir confiance en vous. 

Selon les facilités qu’offrent votre logement et si vous vivez avec quelqu’un, vous pouvez attendre quelques jours avant de faire la rencontre. Relayez-vous avec votre conjoint(e) pour que l’un reste avec les grands et que le second s’occupe du petit. Si vous choisissez de faire la rencontre dès le lendemain, allez-y par étapes, en commençant par trouver un endroit adapté pour ce premier contact. 

Un terrain neutre pour les premiers contacts

Avec un complice qui connaît bien votre chien adulte, choisissez un terrain neutre et ouvert, où vous pourrez surveiller facilement l’interaction : un parc très peu fréquenté par exemple, ou un chemin de balade. Pour éviter de créer de la  tension, n’utilisez pas de laisse. Optez plutôt pour une longe qui offre une certaine liberté aux chiens, tout en vous permettant de les contrôler. Amenez d’abord le chiot au parc pour qu’il fasse ses besoins et explore en toute tranquillité. Cinq minutes après, c’est au tour de votre ami(e) d’amener le grand, bien dépensé physiquement et mentalement au préalable. Si vous avez plusieurs adultes, étalez les présentations sur plusieurs jours. Pour la première, choisissez l’individu le plus calme et le plus patient de votre meute. 

Restez à bonne distance, si besoin, récompensez l’aîné quand il se détourne. Laissez-le observer à loisir tant qu’il est calme, mais ne restez pas trop longtemps statique pour éviter la moindre tension. Si bébé tire et pleure de frustration, éloignez-vous en l’attirant avec des petits bruits aigus. Rapprochez-vous lentement, si les chiens ne semblent pas effrayés ou trop excités. S’ils s’énervent, éloignez-les chacun de leur côté.

Comment faire pour que mes deux chiens s’entendent bien ?

Pour espérer une belle cohabitation entre le chien du foyer et le nouveau chien, la première rencontre doit se faire dans un espace neutre.

a- Laisser le choix

Quand vous estimez les chiens prêts, autorisez le contact. Si l’adulte est sociable, calme et a un excellent rappel, détachez-le, il pourra s’éloigner si le chiot est trop envahissant. En revanche, avec un excité du bocal, contrôlez les interactions. Dès que le chiot pleure ou fuit, rappelez le plus âgé en vous aidant de sa longe et de friandises, mais ne laissez surtout pas le petit lui courir après.

Vous pouvez ainsi alterner entre petits moments de contact et d’éloignement. C’est à vous de gérer les interactions. Même si les protagonistes semblent s’apprécier, ne vous éternisez pas au parc. Il faut préserver les articulations du chiot, mais aussi éviter trop d’excitation. D’ailleurs pour reconnaître un jeu sain et devenir incollable sur le langage des chiens, notre formation en ligne le Dico des Signaux vous attend.

b- Stopper la cohabitation de temps en temps

De retour à la maison, instaurez un moment de calme, chacun dans son coin. Laissez toujours à l’aîné, la possibilité de s’isoler (un panier un peu en hauteur par exemple, ou l’accès exclusif à une pièce). Si le premier chien ne protège pas la nourriture, vous pouvez laisser plusieurs friandises à mâcher à disposition. Ainsi, chacun peut piocher sa préférée et personne ne risque d’en manquer. Pour savoir si votre chien fait de la protection de ressources, allez voir ce diaporama. Attention les symptômes de ce trouble du comportement sont parfois très discrets.

Avec un adulte fraîchement adopté, soyez encore plus prudent. Ce dernier a un passé et une personnalité sans doute déjà bien affirmée. Hors du contexte de la SPA ou de son ancien foyer, il peut révéler des comportements invisibles jusqu’à présent. De plus, votre nouvel ami n’a pas le privilège du permis chiot, votre premier chien risque donc d’être moins tolérant. En revanche, si tout se passe bien, vous pouvez les laisser jouer un peu plus longtemps. 

La durée de ces étapes de présentations et de cohabitation peut varier en fonction du caractère des chiens. Certains ont besoin de plusieurs rencontres courtes, parfois sans contact. Si les protagonistes se sont seulement vus de loin et n’ont pas pu se saluer, rentrez chez vous en différé et isolez-les à nouveau.

Mon chien peut-il être jaloux du chiot ? 

Malheureusement, il arrive que la présentation en extérieure se passe bien mais que, Médor semble changer d’avis une fois à la maison. Il grogne quand bébé s’approche et dans les cas les plus extrêmes, l’attaque. La majorité de ces accidents arrivent en intérieur, parce qu’il y a moins d’espace et plus d’enjeux. Contrairement aux idées que véhicule souvent l’éducation coercitive, nos meilleurs amis sont des êtres sociaux qui cherchent à éviter le conflit, cependant ce sont aussi des êtres sensibles doués d’émotions. On n’y pense pas assez, mais notre attitude change naturellement à cause du chiot.

Il est naturel de vouloir protéger le chiot, quitte à réprimander injustement l’aîné. Bébé lui vole sa friandise ? Il doit être compréhensif et la lui laisser, sans grogner en plus ! La bouille adorable du garnement devient le centre de l’attention et des promenades car il a encore beaucoup à apprendre. L’adulte se retrouve parfois négligé, contraint de s’adapter au rythme du chiot. On joue moins avec lui et il reçoit moins de félicitations. On ignore son assis déjà acquis depuis des années, tandis que l’on s’extasie sur les prouesses urinaires de la mini boule de poils.

Dans l’étude intitulée « The absence of reward induces inequity aversion in dogs » réalisée par Friederike Range, il est démontré que les chiens sont sensibles au concept d’injustice. Pour la première phase, un chien devait donner la patte à son propriétaire, qui arrêtait de le récompenser pour évaluer combien de temps l’animal obéirait sans récompense.

Dans une seconde phase, deux chiens devaient donner la patte à l’humain. L’un d’entre eux était récompensé tandis que l’autre, non. Les résultats sont clairs : le chien se lassait plus vite d’obéir sans friandise en présence du congénère. La notion de justice compte donc pour notre meilleur ami qui souffre souvent du traitement de faveur que l’on offre au chiot. On peut donc comprendre que Fido soit irrité par la présence de mini-Milou et semble ne pas l’accepter, voire le détester. Si le thème de la jalousie vous intéresse, nous vous invitons à consulter notre diaporama sur le compte instagram @cynotopia. Vous trouverez d’autres études sur ce sujet. 

Comment éviter la jalousie entre mes chiens ?

1- La gestion de l’espace et des ressources

Vous pouvez minimiser l’excitation, la protection des ressources ou la jalousie en gérant l’espace. Disposez des paniers à différents endroits de la maison pour que chacun ait son espace. Mettez-en un ou deux dans un endroit inaccessible au chiot : une pièce fermée à l’aide d’une barrière ou en hauteur. Ainsi, vos adultes pourront s’éloigner s’ils le veulent. 

Si vos chiens ne protègent pas leur gamelle, vous pouvez les nourrir dans la même pièce, mais gardez un certain espace. Personne ne se sentira oppressé et vous pourrez intervenir avant qu’un gourmand ne cherche à voler la nourriture de son congénère. Si les chiens engloutissent leur repas, qu’ils grognent ou sont tendus, séparez-les en donnant à manger dans différentes pièces.

Surveillez quand il y a des jouets ou des friandises à mâcher. Si votre adulte grignote tranquillement son oreille de porc mais grogne quand le petit approche, ne le réprimandez pas. C’est un avertissement pour éviter l’agression, félicitez votre adulte et préparez-vous à le soutenir. Si bébé essaye encore de dérober la ressource, intervenez en le détournant avec un jouet ou une autre friandise. Votre adulte saura qu’il peut vous faire confiance et attendra que vous l’aidiez, au lieu de gérer parfois très brusquement la situation. Quant à mini-Rex, il apprend ainsi à respecter les limites. 

2- La gestion du temps

Organisez régulièrement des promenades séparées pour renforcer le lien avec votre chiot, améliorer sa concentration et éviter qu’il n’imite les mauvais comportements de l’adulte. Ce dernier, quant à lui, appréciera de retrouver vos moments en duo. Les sorties sans le chiot lui permettront de se détendre et réduiront les risques d’incidents à la maison. À l’intérieur, assurez-vous que chacun bénéficie de moments d’intimité avec vous. Si nécessaire, utilisez un parc à chiot pour que le petit ne soit pas complètement isolé tout en évitant de perturber le grand.

Si vous baladez les adultes ensemble, n’hésitez pas à renforcer quelques comportements déjà acquis du premier. Mon berger américain miniature est fusionnel avec moi et manque de confiance. Dès que j’éduque un chiot, Suspens me propose des « assis » ou me ramène des bâtons, bâtons auxquels elle ne s’intéresse normalement pas du tout. Je la félicite chaudement pour lui montrer qu’elle existe toujours à mes yeux. Non seulement son estime remonte en flèche, mais elle sert aussi de modèle pour le petit qui s’empresse de la copier, désireux d’obtenir aussi des récompenses.

Il est parfois difficile d’accepter des compromis qui multiplient le temps des balades par deux et exigent autant de gestion. Les pipis, les pleurs donnent envie de craquer, voire de regretter l’adoption du chiot. 

Je regrette d’avoir pris un deuxième chien

Regretter son deuxième chien est plus commun qu’on ne le pense, et ce n’est pas condamnable. Il existe même un terme pour justifier ce comportement des plus humains : le puppy blues. Même si le nouveau est “parfait”, vous pouvez ressentir ce regret, toujours teinté de culpabilité. Vous vous dites que Mini-Fido vous apporte plus de problèmes que de moments heureux. Découvrez-en davantage sur ce sujet tabou dans cet article et comprendrez que votre sentiment est légitime. Comment l’accepter, comment y remédier ?

Après avoir lu notre article, déculpabilisez et essayez de prendre du recul. Prenez une pause, contentez-vous de petites sorties hygiéniques et profitez-en pour faire découvrir des jeux d’enrichissement au chiot. Déléguez un peu à votre conjoint(e) ou faites garder le petit un ou deux jours, de quoi le socialiser avec une autre famille.

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L’arrivée d’un nouveau, chiot ou adulte est un bouleversement pour votre rythme de vie, mais aussi celui de votre chien adulte ou plus âgé. Pensez à le privilégier dans vos prises de décision. Soyez juste, évaluez le contexte avant de “punir” systématiquement le grand simplement parce qu’il est grand. Maintenir un lien déjà existant est aussi important que d’en créer un nouveau.

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