« Tu devrais faire de la proprioception avec ton chien » oui d’accord, mais comment ?
Ce terme devenu très en vogue dans les années 2010 s’est tant popularisé qu’il n’est plus qu’un concept vague. Les articles et vidéos d’amateurs vous conseilleront tout et n’importe quoi. Assis, couché, donne la patte, tourne et fais le beau : proprioception ! Sauter ? Proprioception ! Nager ? Proprioception !
Laissez donc une professionnelle certifiée vous guider.
La proprioception est la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps. Ce n’est pas de la musculation. Les exercices qui permettent de l’améliorer vont mobiliser les parties du corps que le chien utilise sans trop y penser (notamment les membres postérieurs). On peut également renforcer ses aptitudes à l’aide de matériel instable, permettant au chien d’avoir plus de maîtrise sur son équilibre et sa coordination. C’est une excellente préparation aux sports comme l’agility, le frisbee ou l’oberythmée.
Des inégalités d’individu en individu
Le chien du voisin est une ballerine agile et délicate, alors que le votre s’élance tel un petit tonneau ? Il se prend les pattes dans sa propre queue, se vautre lorsqu’il saute et vous donne l’impression d’avoir un chien croisé avec une pomme de terre ? Tristement, tous les chiens ne naissent pas égaux face à ce sixième sens qu’est la proprioception. Si leur vue et odorat ne change guère d’individu en individu, la conscience des quatre membres peut varier de tout ou rien.
Une aptitude naturelle
La proprioception se développe avec l’âge, et au fur et à mesure du développement sensori-moteur de l’individu. Le chiot aveugle et rampant apprendra doucement à se servir de ses pattes, et petit à petit, galopera avec aise. Il restera pataud, tombera aisément et aura beaucoup de mal à gérer les changements de hauteur et de stabilité si l’éleveur ne l’y a pas préparé. C’est pendant cette période (de quatre à douze semaines) que le chien développera son système proprioceptif.
Le rôle d’un bon éleveur
Comme mentionné dans le paragraphe précédent, les chiots initiés aux matériaux instables auront bien plus de facilité à construire une conscience corporelle poussée. Des coussins plats dans le parc à chiot, sous la cage où ils dorment tous, une balance par ci, un pont par-là, la gamelle entre une planche d’équilibre et un tunnel… En participant non seulement à leur socialisation, ces objets permettent aux chiots d’explorer les différences de texture et de support. En apprenant très tôt à négocier l’instabilité d’un petit disque d’équilibre, ils auront plus de facilité à se mouvoir et à négocier des environnements compliqués sans se blesser. Il est donc très important, si l’on souhaite pratiquer des sports cynophiles avec son futur compagnon, de bien choisir son élevage.
Des lacunes chez certaines races
On aura tous déjà connu ce genre de chien qui en sautant le moindre obstacle, s’y éclatera les pattes postérieures. (Généralement, ce chien là… C’est un berger australien !). En effet, certaines races sont plus prônes à une conscience corporelle élevée, et soit évolueront avec plus d’aise en terrain varié, soit feront tout simplement plus attention. En combinant une conscience proprioceptive faible et i, tempérament exubérant, on a plus de chances d’avoir un chien pataud, même à l’âge adulte.
Le caractère joue aussi !
Pas de surprise, si Iron le labrador glisse souvent et rate ses sauts, c’est aussi parce qu’il a un caractère plus excitable et enthousiaste. Sa joie naturelle de vivre l’entraine dans des courses effrénées, et il ne fait pas toujours attention où il met les pattes. A l’inverse, Prunelle la dalmatienne est d’une rare délicatesse. Elle se déplace comme en flottant, sur ses longues pattes, et se glisse partout sans soucis. Plus posée qu’Iron, elle regarde où elle va et calcule chaque bond avant de le faire, et les rate rarement. Eh oui, à travers cette illustration un peu caricaturale se cache bien la vérité ! Le caractère du chien aura un rôle dans sa capacité à économiser son propre corps. S’il peut percuter un tronc d’arbre et repartir avec la même joie, il ne fera pas nécessairement plus attention la prochaine fois
L’intérêt d’aider son chien à gagner en proprioception
Vous savez qu’il faut en faire, très bien. Mais, à quoi ça sert ? Quels sont les bénéfices ? On peut trouver tout et n’importe quoi en ligne, comme si ce mot magique pouvait régler tous les problèmes de motricité. Il fait des barres en agility ? Proprioception ! Il a une dysplasie ? Proprioception !
Oui, le sujet est lucratif mais très peu de personnes ayant décidé d’en parler ont réellement suivi une formation. (Si vous voulez vérifier les miennes, c’est par ici).
Prévention des blessures
Un chien qui a conscience de son corps fera plus attention à la flexion et l’extension de ses membres, principalement lors des sauts. Mais l’abord et la réception pourront gagner en propreté, en évitant les appels trop tôt et les réceptions déséquilibrées. De même, un chien habitué à gérer le poids de son corps sur des surfaces instables aura plus de facilité à se rattraper, éventuellement avant ou après une glissade, mais également en transférant son poids en avant, en arrière, à gauche ou à droite pour rétablir son équilibre. Une compétence plus que recherchée, voire même indispensable si on pratique un sport canin. Agility, frisbee ou autres sports intenses à base de courses et de galop sont très souvent traumatiques pour le corps d’un chien peu (ou mal) préparé.
Amélioration des performances
En découlant très naturellement des autres points, un chien plus agile et sûr de lui sera naturellement plus performant. La préparation physique joue un rôle important dans la carrière d’un chien de sport. Gérer des virages serrés, regrouper ses pattes en bondissant au-dessus d’une haie, basculer son poids en arrière lors de la descente d’un obstacle à zone, changer sa position en plein bond pour atterrir après avoir attrapé un frisbee… Comment nier qu’il s’agit de mouvements précis qui détermineront grandement quel chien fera la meilleure prestation ?
Impact tardif du vieillissement sur l’organisme
Exactement comme il est conseillé à nos séniors de continuer à marcher afin de ne pas perdre en mobilité, les vieux chiens doivent continuer à se balader. Mais pas doucement, au bout d’une laisse courte, en s’économisant ! Rien n’est plus vivifiant qu’une course dans les bois, lever les pattes pour enjamber troncs et racines, escalader une colline puis la dévaler à fond de train… Pour leur chien être physique et mental, les chiens ont besoin d’exercice toute leur vie, et des exercices de proprioception tout au long de leur vie permettront de limiter la perte d’amplitude de mouvement. Avec moins d’impact, ces exercices peuvent également participer au maintien de la masse musculaire, qui a tendance à fondre passé huit ans chez le chien.
Alerte « n’importe quoi » : les bêtises qu’on lit partout
Faire des tricks améliore la proprioception
Réalité : Les tricks « proprioceptifs » ne servent pas à grand-chose
Certes, tourner sur soi, autour de vous ou d’un poteau mobilise le rachis (colonne vertébrale) et les mouvements d’abduction et d’adduction des membres. Mais au naturel, le chien fait ces mouvements lorsqu’il tourne, fait demi-tour ou contourne un objet ! Avec un chiot, ces petits tours rigolos de dog-dancing / obérythmée peuvent l’aider… Mais pas beaucoup plus. Faire le slalom, le huit en reculé entre les jambes ou toucher une cible de la patte sont rangés au même niveau. Oui, ils mobilisent le corps entier du chien… Exactement comme une bonne balade !
Ainsi, évitez stages et formations qui basent leurs conseils sur des tricks. Quelques-uns peuvent avoir un rôle plus important, mais ce n’est pas en tournant à droite et à gauche que Médor deviendra aussi agile qu’un singe.
Proprioception = musculation
Réalité : Proprioception et musculation n’ont (presque) rien à voir
Ouch, là ça fait mal ! Eh oui, tristement, la proprioception, vendue comme le moyen numéro 1 pour muscler votre chien n’est que du vent. Les exercices de proprioception se basent sur l’équilibre (et le déséquilibre), la coordination et la perception. Monter sur un coussin et faire trois pivots ne muscleront que très peu les quadriceps de votre champion. On peut apparenter la proprioception au yoga : des exercices lents, précis, qui visent surtout à gagner en souplesse et en stabilité. Ils dénouent certains musclent, peuvent libérer des tensions et étirent certaines zones qui sont souvent douloureusement contractées. Mais il y a une raison pour laquelle on conseille l’haltérophilie ou la natation pour prendre en masse. Si chez le chien, proprioception et musculation sont étroitement liés (car on utilise le même matériel et les mêmes exercices de base), ils n’en sont pourtant pas interchangeables. C’est la répétition des exercices et leur intensité qui transforment des exercices de proprioception en exercices de musculation.
Plus c’est instable et mieux c’est
Réalité : Plus c’est instable et plus toutou galère
L’analogie la plus simple à faire est celle-ci : vous rappelez-vous de la poutre ? Oui, cet agrès de gymnastique de 5m de long et de 10cm de large. Arriviez-vous à tenir dessus ? Certains, oui. D’autres, non. Cela nous renvoie aux inégalités individuelles. Mais les enfants les moins doués (j’en faisais partie !) auraient pu apprendre à tenir avec assurance sur cette poutre si on leur avait permis de travailler leur équilibre sur des surfaces très larges, puis de plus en plus étroites. Ainsi, du cancre à la ballerine innée, nous aurions tous pu, à terme, réussir à marcher sur un fil de métal tendu entre deux poteaux, si une progression suffisamment lente et progressive avait été permise. Pour la plupart des chiens, un coussin plat gonflé au maximum et transformé en soucoupe volante est une épreuve insurmontable. Ils stressent, se crispent, et s’ils arrivent à tenir, c’est sans joie et au prix de gros efforts. Plantez donc la pompe dans votre coussin plissé tant il est surgonflé, et videz autant d’air qu’il faudra pour l’aplatir. Le gonflage ne le rendra pas plus doué plus vite. En fait, c’est même tout juste le contraire.
Un chien qui tremble est en train d’apprendre
Réalité : l’exercice est beaucoup trop dur et il y a un risque de tétanie musculaire
Sur Instagram trainent parfois des vidéos de personnes qui s’affirment assez compétentes pour mettre des chiens inexpérimentés sur du matériel instable. C’est souvent sur une cacahuète trop petite, et on y voit un chien énorme peiner à y monter puis trembler de tous ses membres pendant qu’on le soutient. Alors oui, ça peut sembler évident présenté ainsi, mais on entend trop souvent qu’un chien qui tremble « apprend » et va se stabiliser. Parfois oui, mais souvent, non. Les tremblements sont le signe que l’instabilité est trop grande et que l’inconfort grandit : il y a un risque de tétanie. C’est un état à éviter absolument, et aucun exercice ne devrait provoquer le moindre signe de stress mental et physique chez le chien.
5 exercices sans matériel spécialisé
Se déplacer en terrain varié
Eh oui, c’est convenu et pas « sexy » du tout. Pourtant… Rien ne vaut une bonne balade en forêt ! Comme je l’expliquais déjà dans mon article sur le fitness canin pour les chiots, à travers leurs coussinets, les chiens apprennent à analyser le terrain sous leurs pattes. Est-il sec ? Humide ? En pente ? Glissant ? Rocailleux ? Ainsi, les récepteurs dans les coussinets envoient quantité de messages au cerveau, qui adaptera la position du corps pour éviter les chutes. Lever les pattes pour enjamber une branche, éviter un arbre lors d’un sprint, négocier montées et pentes raides… Maintenir l’allure sur un terrain collant ou glissant, s’enfoncer dans le sable ou patauger dans l’eau… Tous présentent des avantages proprioceptifs qui ont l’avantage de ne pas couter un centime. Quittez villes et champs pour des terrains compliqués. Apprenez à Médor à monter sur des souches, à bondir de pierres en pierres, faites-le marcher dans l’eau, et profitez de ce que la nature vous offre.
Le recul à toutes les sauces
J’ai développé les méthodes et bons usages dans un article spécifique : « apprendre à son chien à reculer ». Je vous encourage à le visiter ! Ce petit trick présente beaucoup d’avantages. On cite souvent la mobilisation des membres postérieurs, et l’individualisation des pattes (qui doivent fonctionner de façon co-dépendante, sans se déplacer en même temps). Attention, car il est très facile de récompenser et renforcer une mauvaise exécution de ce tour bien connu. On veut un reculer bien droit, sur au moins six foulées avec un dos qui ne s’arrondit ou ne se creuse pas. Les pattes avant doivent reculer de façon indépendante et non en petits sauts (très mauvais pour le dos). Au début de l’apprentissage, le poids du corps est souvent sur les épaules et les pattes guident le mouvement, mais le but est un poids vers l’arrière et des postérieurs qui initient et maintiennent le recul.
Lever les pattes indépendamment les unes des autres
Tous les Fifi, Milou, Loulou et autres Médor connaissent le fameux « donne la patte ». Parfois même on leur apprend (sans grand originalité) à donner « l’autre » qui devient le nouveau signal vocal. C’est très bien ! Mais on peut faire encore mieux en lui apprenant à lever (ou donner) les pattes postérieures également. Ce trick sympathique présente beaucoup d’avantages si le mouvement est ample. En effet, pour les antérieurs on favorise une bonne extension de l’épaule, et pour les pattes postérieures, c’est une extension de toutes les articulations, de la hanche à la cuisse en passant par le genou (pour vulgariser joyeusement les parties du corps). Un tutoriel vidéo vous guidera sur cet apprentissage. Il date un peu alors excusez la qualité du son et de la diction… Vous pourrez trouver d’autres tuto vidéo tricks dans cette section.
Du assis au debout, antérieurs ou postérieurs fixés
Issu des sports comme l’obéissance, le ring ou le RCI, les changements de position se font de deux façons différentes. Soit avec les antérieurs fixés (seuls les membres postérieurs se déplacent), soit avec les postérieurs fixés (seuls les antérieurs se déplacent). Chaque variante offre son lot d’avantages en termes de proprioception et de musculation. Ces transitions sollicitent principalement les muscles du corset musculaire (qui entourent les organes vitaux et se concentrent au niveau du dos, du ventre et des flancs). Il est préférable de choisir un style de transition et de le maitriser parfaitement avant de passer à l’autre. Chaque transition doit avoir un nom spécifique : assis pour les postérieurs fixés, mais « sit » pour les antérieurs fixés. En vidéo, le sublime exemple de cet exercice avec Gwen et sa chienne Leia lors de la classe en ligne « Fitness canin niveau 1 ».
Dos rond, dos creux
En yoga, il existe deux positions pour assouplir le dos : celles du chat et celle de la vache, qui consistent à se mettre à quatre pattes et à arrondir puis creuser le dos. Comme beaucoup de choses, cet exercice peut aussi être transposé aux chiens ! Ce mouvement l’aidera à étirer les muscles de son cou, de ses épaules et de sa colonne vertébrale, en relâchant les tensions maintenues au niveau du bas du dos. Comme nous ne pouvons pas demander au chien de se cambrer de son propre chef, nous pouvons l’aider en l’incitant à relever la tête avec une friandise (dos creusé), puis en la baissant entre ses pattes antérieures (dos arqué). La position du chat, bien exécutée, relâchera les tensions maintenues sur le cou et les épaules, tout en augmentant la flexibilité de la colonne vertébrale. Celle de la vache, en creusant bien le dos, permettra de travailler au niveau du cou et des reins, en ayant également un impact sur la flexibilité de la colonne.
5 exercices avec du matériel spécialisé
Mettre les pattes sur un coussin plat ou fitbone
Le coussin plat est le matériel le moins cher et le plus facile à se procurer. Gonflé correctement, il doit être ferme mais ne pas s’enfoncer ou basculer quand on pose le pied (ou la patte) dessus. Ainsi, si vous voyez un coussin plat ressemblant à une petite soucoupe volante : il est trop gonflé !
Différentes méthodes d’apprentissage nous permettent de mener le chien à la position voulue. Soit en le leurrant (en lui mettant de la nourriture sous le nez) soit en le « shapant » autrement dit, en récompensant des approximations successives. Si vous ne connaissez pas cette façon de faire, découvrez-là dans le guide du shaping (gratuit, en téléchargement immédiat). Cette méthode est la plus recommandée, car le chien viendra sur le matériel avec assurance et se positionnera bien naturellement.
Cet exercice permet de mobiliser les épaules, mais idéalement le poids doit être sur l’arrière, fortifiant donc en priorité les membres postérieurs. La récompense doit être donnée haute et le dos doit rester droit.
Reculer sur un coussin plat ou fitbone
La position avec les postérieurs surélevés est très recommandée par les coachs d’agility, mais elle est généralement mal amenée. En effet, plusieurs points clés sont à connaître pour ne pas créer des tensions musculaires ou cervicales. La récompense doit être donnée basse, et le dos doit rester bien doit. Les jarrets et membres antérieurs sont perpendiculaires au sol, afin d’éviter une extension trop importante. De manière générale, plus le matériel sera haut, plus la position sera difficile à maintenir, plus il y aura de tension sur le dos et les membres antérieurs. On risquera donc des douleurs ou une tétanie si la position est maintenue de force.
Le chien doit donc être capable de monter aisément sur le coussin et rester immobile en se tenant le plus correctement possible. Le matériel ne doit jamais être plus haut que son jarret. Dans le cas contraire, l’exercice doit être encadré par un professionnel.
S’équilibrer sur deux coussins ou fitbone(s)
On aurait tendance à dire « j’ai acheté un coussin plat, donc j’apprends au chien à y mettre les pattes avant, les pattes arrière, puis les quatre pattes ! ». C’est souvent une très mauvaise idée. En forant le chien à se regrouper sur un coussin plat, on l’oblige à mettre tout son poids sur les épaules, courber le dos, écarter exagérément les pattes et forcer une rotation externe. L’exercice d’équilibriste est réussi, mais à quel prix ? Une position inconfortable pour le chien, qui exécutée chez un sujet juvénile, peut entrainer les conséquences sur sa croissance.
Il est préférable de travailler avec un matériel plus long que le chien. Bien sûr, il n’existe pas de coussin aussi long qu’un golden retriever, on peut donc aisément aligner deux disques plats et hop, problème réglé ! Les quatre pattes gèrent l’instabilité, mais les membres sont verticaux, la tête est en position neutre et le dos reste bien plat. C’est sans doute moins impressionnant, mais les vertèbres cervicales et lombaires de Médor vous diront « merci ! »
Travailler sa cadence sur des cavaletti
Les cavaletti sont des petits obstacles bas utilisés pour améliorer les allures des chiens… Enfin, pas seulement ! Loin de ne servir qu’à réguler la foulée et entretenir la proprioception de votre chien, les cavaletti ont mille usages cachés. Entre assouplissement et musculation, amélioration de la flexibilité spinale et de la cadence sur le trot, les cavaletti permettent de moduler la longueur de la foulée selon vos besoins : l’allonger pour l’agility, ou la raccourcir et la relever pour l’obéissance et les expositions. L’espacement entre les barres et leur hauteur ont une importance capitale, car elles s’adaptent à la morphologie du chien. Souvent placés trop haut, les cavaletti doivent se placer au maximum au jarret, jamais plus haut.
Le livre « Objectif cavaletti » vous explique tout de A à Z : quelle distance entre les jalons, comment varier selon l’allure, quels exercices faire selon votre niveau ou vos besoins (proprioception, musculation, exposition…). Avec des photos et des schémas sur chaque page, il est difficile de se tromper. Le matériel peut se trouver pour moins de 30€ sur des magasins de sport, tels de Décathlon ou Casal Sport (cônes percés de 35cm et 6 jalons de 80cm).
Pivoter ses hanches
Cet exercice de proprioception très connu peut se faire sur un coussin plat, mais également sur une gamelle ou un marchepied. Attention, le matériel ne doit pas être plus haut que le coude du chien ! Il existe plusieurs façons de parvenir au résultat voulu. Quand le chien a les pattes sur l’objet, on se place face à lui, on récompense plusieurs fois puis on se décale d’un ou deux pas sur le côté, en suivant la courbe de l’objet. Le chien cherchera à venir à nouveau face à nous pour être récompensé, et il doit être bien félicité ! Avec un leurre, on peut aussi tourner la tête du chien dans un sens ou l’autre, et récompenser dès qu’il décalera une patte. C’est justement ce mouvement qu’on recherche. En faisant des petits pas sur le côté, le chien sollicite ses muscles adducteurs et abducteurs (les muscles à l’intérieur et à l’extérieur des cuisses). C’est un très bon exercice pour les chiens destinés à l’agility, au frisbee ou au flyball, qui demandent de prendre des virages très serrés et qui sollicitent énormément ces muscles-là.
Ces exercices qu’il faut peut-être éviter (même si on les conseille souvent !)
Fais le beau
Comme je l’expliquais dans mon article sur le rôle de l’immobilité dans la musculation du chien, la plupart de nos amis s’assoient très mal. Pattes en canard, orientation externe, aucune tonicité, c’est souvent par le assis qu’on commence lorsqu’on veut apprendre « fais le beau ». Or, si cette position n’est pas correcte dès le début, demander au chien de s’équilibrer sur des membres tordus ne fera qu’empirer leur mauvais angle. Si votre chien est incapable de rester assis avec les postérieurs serrés contre lui, bien parallèles, avec un dos droit et des antérieurs perpendiculaires au sol, n’allez pas plus loin. De même, et on a vite tendance à l’oublier, la morphologie de nos chiens varie grandement. Les petits chiens, carrés et équilibrés, apprendront très naturellement cette position (ma kooiker le faisait d’elle-même à trois mois !) alors que les bergers, aux longues pattes et au dos interminables, manquent souvent d’équilibre. Certaines races n’ont même pas l’angulation pelvienne nécessaire pour proposer ce joli « fais le beau ». Ainsi, la règle de base est la suivante : si votre chien ne sait pas bien s’asseoir, travaillez ça en premier. Et s’il sait mais n’a aucun équilibre en faisant le beau, laissez tomber.
Quatre pattes dans un bol
Populaire dérivé de « 4 in a box » ce petit exercice est souvent recommandé pour les chiots. Il permet de débuter le shaping et de les assouplir s’ils sont destinés à l’agility. Enfin, c’est comme ça qu’on l’a vendu. En réalité, il va à l’encontre même du principe fondamental de la pratique du fitness canin : lors d’un exercice, la posture doit être égale ou meilleure à celle maintenue au sol.
En forçant le chien à se regrouper dans un espace contigu, son dos s’arrondit en créant des tensions sur les vertèbres et une rotation externe des membres. Cet exercice ne sert à rien. Il est certes amusant à apprendre et à filmer, mais n’a aucun bénéfice réel. On peut tout à fait apprendre à un chiot à rentrer dans une valise ou une boite en carton, mais il est important que l’objet soit au minimum à moitié aussi long que lui, lorsqu’il se tient debout naturellement.
Monter sur un ballon
Quel équipement de fitness avez-vous chez vous ? Statistiquement, c’est ce fameux gros ballon rond qui finira relégué dans un coin. Alors quand on parle de fitness pour les chiens, c’est tout naturellement qu’on aurait envie de s’en servir ! Gardez-vous-en, car il s’agit d’une version bien pire de « quatre pattes dans un bol ! » Etroit mais en plus instable et glissant, le ballon se creusera sous le poids du chien qui, soutenu par son maître, aura bien du mal à trouver son équilibre. Et là, c’est un jeu d’observation que de compter les défauts de posture. Tout y est : dos arrondi, pattes en vrac, ajoutez tremblements musculaires, signaux d’apaisement et tétanie et vous y êtes. Ni les assis, « fais le beau » et « donne les pattes » ne peuvent rentabiliser ce matériel. La seule chose utile qu’on peut faire, c’est l’exercice « pattes avant sur un support » et éventuellement faire du treiball avec. Remplacez-là par une balle « cacahuète » (plus large et deux fois plus longue) et vous serez bons !
Mettre les pattes sur une planche d’équilibre
Elle vire et claque, instable, impossible à maitriser, la planche d’équilibre ronde n’a rien à faire dans votre set de fitness. Utilisez-là pour vous, pas pour toutou ! En virant de bord brutalement, elle créée des chocs dans ses membres et peut lui faire perdre l’équilibre. Quant à y mettre quatre pattes, vous connaissez désormais la chanson. Mais cette fois, en plus de l’étroitesse du support et de son instabilité, ajoutez l’incapacité de la contrôler, et des oscillations vives. A ce jour, il n’existe aucun exercice adapté qui justifierait l’utilisation de cette planche bon marché. Montez donc dessus et apprenez à tenir sur un pied, pendant que vous réfléchirez au prochain matériel à acheter pour travailler la proprioception de votre compagnon !
Ou acheter du matériel pour les exercices de proprioception ?
Avec la popularisation de la proprioception, beaucoup de sites et magasins proposent du matériel plus ou moins adapté. Tous les liens ci-dessous sont des liens sponsorisés. Les petites commissions que je perçois lors d’un achat me permettent de payer tous les frais fixes liés au site.
Circuit classique : moins cher, mais moins adapté
Envie de débuter sans vous ruiner ? Il existe quantité d’options peu chères !
Les plus évidentes sont les magasins de sport et de bricolage. Vous y trouverez des coussins plats, des disques d’équilibre (que je ne vous recommande pas) et des ballons (non plus !). Les prix tournent entre 15 et 45€.
Parfois, dans les magasins discount (Action, ED…), on peut trouver d’excellents articles pour moins de 10€ (tapis en mousse, coussin plat). Lidl fait souvent des coussins plats et des cacahuètes en janvier, pour honorer les résolutions sportives de la nouvelle année. Il faut se lever tôt pour se servir, car les produits partent très vite !
Enfin, on trouve de tout en ligne. Les liens qui vont suivre ne sont que des suggestions, n’hésitez pas à chercher de votre côté ! Il s’agit de matériel que j’ai moi-même acheté et que j’utilise encore régulièrement.
Pads et plateformes en mousse
- Hoopomania® Tapis d’équilibre, pour l’entraînement de la Coordination et la thérapie – excellent matériel pour débuter. Pour les chiots, les séniors ou les chiens sensibles, c’est le premier matériel qu’on devrait utiliser. Il est plat, stable, légèrement élastique et plus doux pour les pattes qu’un coussin plat.
- #DoYourFitness® Coussin d’équilibre 2 »Trapezio« / Balance-Pad avec Surface antidérapante – Un peu plus petits, j’utilise ces pads pour apprendre la statique à mes chiens, et à tenir calmement debout sur deux pads. Plus colorés et un peu texturés, c’est un matériel que j’utilise surtout avec les petits chiens et chiots.
Coussins plats (ou « disques d’équilibre »)
- BODYMATE Coussin d’équilibre Ø34cm + Pompe – mon préféré, le premier coussin que j’ai acheté, il est plus « dur » et stable que les autres, idéal pour débuter
- Reehut Coussin d’équilibre + Pompe 33cm 6 couleurs – plus doux et moins stable même bien gonflé, coussin idéal pour complexifier juste un peu l’exercice
Balle cacahuète
- Gymnic Physio Roll Ballon de Gymnastique – il est très compliqué de trouver une balle cacahuète correcte dans le commerce pour humains. La matière est trop fine et explose au moindre coup de griffe, ou elles sont trop creusées au milieu et impossibles à utiliser pour des chiens. Elles sont trop petites ou ne peuvent pas se gonfler assez et sont instables. La balle Gymnic est la seule qui répond à tous les critères de qualité. La marque se spécialise dans le matériel de physiothérapie et c’est la seule qui a maintenu sa forme en deux ans d’utilisation. Je vous conseille les tailles à partir de 55cm. Pour mes bergers j’ai la 70cm, qui est juste parfaite.
Hérissons
- Sissel Spiky Dome Hérisson, La Paire mixte adulte Bleu/Rouge et sa variante aux couleurs plus sympa (mais souvent épuisés par manque de stock : 2x Navaris Boule d’équilibre hérisson – petits supports utilisés pour travailler les muscles fléchisseurs des doigts, ces hérissons ne sont disponibles qu’en taille unique. Ils ne sont corrects que pour les chiens moyens à grands (plus de 12 voire 15kg). Pour les petits chiens, les seuls herrissons qui ont convenu sont ceux disponibles sur le site « décathlon pro » et qui sont vendus par 6. Ils sont beaucoup moins chers, mais eux ne peuvent pas convenir à des chiens de plus de 12kg (ils sont très, très petits).
Circuit spécialisé : plus cher, mais pensé pour les chiens
Le leader du marché français est sans conteste Animo-Boutik. Avec des prix défiant toute concurrence, c’est généralement le fournisseur des autres magasins français. En revanche, je vous déconseille le « guide de la proprioception canine » souvent proposé avec le matériel, car il ne fait mention d’aucun exercice pratique, et très peu de théorie sur le sujet. Il n’est d’ailleurs appuyé par aucune bibliographie.
- Le fitbone – mon amour de toujours, le matériel incomparable que vous ne trouverez nulle part ailleurs. Avec sa matière épaisse, c’est l’équipement idéal qui peut être stable ou instable selon son gonflement. Utilisé en longueur, en largeur ou sur sa tranche, il est versatile et s’adapte à tout. C’est bien simple, si je ne devais garder qu’une chose pour mes chiens, ce serait un fitbone. Il existe en taille géante, que je ne vous recommande pas du tout (trop instable, les bords s’écrasent sous le poids du chien) et en taille mini (vendus par deux et que j’adore presque autant que le classique).
- Les paw pods – hérissons originaux et créés pour les pattes de nos chiens, ils ont des picots plus doux et sont vendus par quatre. La taille est adaptée à presque tous les chiens.
- La trax peanut – balle cacahuète munie de petits picots bien pensés : ils évitent les glissades et stimulent les coussinets, et donc le système proprioceptif. Pour les bergers, il faut généralement prendre la plus grosse taille.
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- Débuter le fitness canin
- Muscler son chien : le rôle de l’immobilité
- Vos exercices de “proprioception” sont souvent inefficaces : découvrez pourquoi.
Pour plus d’idées d’exercices, n’hésitez pas à suivre la page Cynotopia, à rejoindre le groupe Facebook « Tricks & Fitness canin » voire même à vous inscrire à l’un de mes stages; coaching privé ou classes en ligne, où nous étudierons plein d’idées fun et pratiques pour muscler votre chien selon vos objectifs ou les disciplines pratiquées !
Merci pour vos précieux conseils, c’est du sérieux
Bonjour,
J’ai une question, la proprioception du chien est-elle si différente que cela? Pourtant il s’agit de deux espèces mammifères et qui devraient se ressembler au moins un peux.
Je m’explique : pour travailler sa proprioception l’humain a besoin de sentir ses membres. J’entends par la enclencher les capteurs qui vont lui permettre de savoir comment tel pied est positionné par rapport eu trou dans le sol (a coté, au dessus, dedans, a moitié dedans…) ceci afin d’éviter que la cheville ne se torde pour rien et permettre au pied de bien se repositionner. (c’est un exemple) Pour permettre cela, dans le cadre d’un défaut de proprioception, sans stimulation électromagnétique et magnétique vous pourrez faire toute la rééducation d’équilibre vous n’irez pas bien loin. De plus dans l’équilibre nous travaillerons bien plus l’oreille interne, la vision, les muscles passifs… ainsi si la proprioception rentre dans le système de l’équilibre et vis versa, travailler l’équilibre seul n’a au final pas beaucoup d’impact sur la proprioception. C’est pourquoi je suis très étonnée d’y trouver autant de différence.
Je vous remercie par avance de votre réponse, et de prendre le temps de me lire (ceci n’est pas une critique négative, juste une recherche de compréhension).
merci pour tous ces judicieux et généreux conseils.
Merci pour cet article très intéressant
et argumenté !