Depuis qu’ils sont devenus nos meilleurs amis, nous nous inquiétons pour la santé de nos chiens. Médicaments, alimentation, opérations pointues permettent de prolonger la vie de nos compagnons. Paradoxalement, alors que la médecine avance, les problèmes respiratoires s’accumulent au fur et à mesure que les museaux raccourcissent, et les dysplasies augmentent tandis que les arrières-trains s’affaissent. Sans oublier des tares facilement détectables comme l’œil du colley qui perdurent. Pourquoi ne les a-t-on pas encore éteintes à force de sélection ?
Le chien était autrefois sélectionné pour être un outil : il gardait les troupeaux, protégeait la maison ou rapportait le gibier. À présent, les critères esthétiques sont plus importants et déterminent le choix de notre futur chiot. L’engouement du public pour une robe merle, ou des juges pour une forme de tête a peu à peu multiplié les tares génétiques allant de pair. On fait reproduire des chiens malades ou agressifs tant qu’ils gagnent des prix ou transmettent leurs jolis yeux bleus. A l’ère où les problèmes génétiques sont plus facilement dépistés, on découvre magouilles d’éleveurs et ravages d’une sélection mercantile. Privilégier le “beau” en dépit du “bon”, c’est cela, la maltraitance génétique.
L’impact de la génétique
Le chien est le mammifère le plus représentatif des pouvoirs de l’hérédité. L’homme a façonné 351 races grâce à la sélection génétique. Il a tantôt valorisé les museaux longs, tantôt les courts, choisi des couleurs chatoyantes ou privilégié des teintes uniques. En juin 2002, la communauté Scientifique s’était adressée au National Institute of Health pour demander une analyse de la séquence du génome canin. Selon eux “les chiens payent un très large tribut aux maladies génétiques simples et complexes”. Est-ce l’inévitable versant d’un polymorphisme phénotypique et comportemental aussi riche ? Si l’on peut supprimer ou ajouter des couleurs, peut-on éliminer des maladies héréditaires ?
Des tests accessibles à tous
En France, bien que Marie Abitbol et son équipe déplorent l’inaccessibilité de certains tests, il en existe d’autres, prédictifs, très efficaces. La FCI a établi un protocole pour dépister la dysplasie de la hanche (déformation pouvant mener à une perte de mobilité). Ce test est disponible à partir d’un an chez les petites et moyennes races, et 18 mois pour les grandes races. Dans l’optique de prévenir et de cadrer l’évolution générale de cette dégénérescence, la science continue de progresser, permettant de détecter de plus en plus tôt les problèmes à venir. Ainsi, la méthode PennHIB (“The PennHIP method — A screening system for the early diagnosis of canine hip dysplasia”) permet de dépister la probabilité d’une dysplasie future de la hanche et de la coxarthrose dès l’âge de 16 semaines.
S’il est établi qu’un chiot issu d’une longue lignée de parents sains peut naître malade, le risque demeure moindre. Il y a beaucoup plus de chances qu’un petit né d’une mère ou d’un père dysplasique développe cette dégénérescence. En éliminant systématiquement les individus porteurs (grade C et +), nous éviterons que la maladie gagne du terrain.
Le cercle vicieux des maladies génétiquement transmissibles
La dysplasie n’est pas la seule concernée, malheureusement. L’œil du colley (pouvant mener à un décollement de la rétine et donc à la cécité) se retrouve beaucoup chez le berger australien, le border collie, le colley ou le shetland. Un individu porteur ne développe pas automatiquement la maladie, mais il peut la transmettre. Une mère en apparence indemne peut parfaitement donner des chiots malades, ou porteurs sains. Ces derniers grandissent, dispersés dans différentes familles. Ils transmettent à leur tour la tare à leurs descendants. Cette maladie est pourtant facilement détectable grâce à un test précoce à partir d’un examen ophtalmoscopique.
Concernant l’épilepsie, c’est un peu différent. À ce jour, quelle que soit sa forme (primaire et donc congénitale ou secondaire), il est impossible de la dépister en avance. Seuls les témoignages de propriétaires dont le chien tombe malade permettent le retrait des reproducteurs en cause. Les premières crises se déclenchent entre le sixième mois et la cinquième année du chien, encore faut-il pouvoir contacter l’éleveur.
En soi, les maladies héréditaires sont contrôlables. Des tests fiables sont disponibles pour écarter des reproducteurs gravement touchés. La sélection permettrait ensuite d’empêcher la conception de chiots malades. Certes, difficile pour un éleveur de renoncer à une excellente lignée « juste » pour quelques cas disséminés d’une maladie qui ne se transmet pas automatiquement. Malheureusement, comme nous allons le voir dans cet article, beaucoup de ces tests ne sont pas obligatoires, et quand le futur propriétaire les exige, il peut encore se faire arnaquer. Résultats faussés, sites officiels trompeurs, quand la mode et l’argent prévalent sur la santé, nous pouvons parler de maltraitance génétique.
La maltraitance génétique
Grâce à l’étude comportementale, la société a pris conscience que le chien a des émotions et doit être respecté. Les formes de maltraitances les plus évidentes sont aujourd’hui punissables au regard de la loi. Malheureusement, il existe une maltraitance plus insidieuse, souvent peu reconnue comme telle :
Quand un chiot est conçu dans un intérêt mercantile, aux dépens de sa santé, que les risques étaient connus avant sa conception et que la société l’admet parce que c’est “la race qui veut ça”, on peut parler de maltraitance génétique. Nous connaissons tous les célèbres comparaisons entre un carlin du XXème siècle et un carlin type show d’aujourd’hui, pareil pour le Bouledogue anglais ou le Bull Terrier. Ces modifications sont extrêmes et rapides : un chien n’a besoin que de quelques générations pour adopter certaines caractéristiques physiques, même si elles le desservent. Ainsi, l’arrière-train tombant du Berger allemand dessert sa locomotion naturelle. Mais d’où vient cette tendance illogique à valoriser des animaux malades ?
Se différencier, puis rentrer dans un moule
Pour comprendre cette régression, il faut s’intéresser au XIXème siècle. Jusque là, les chiens étaient des outils, et tout comme on demande à un couteau de bien trancher, on leur exigeait d’être efficaces. Seuls les bergers allemands les plus protecteurs, les gardiens de troupeau les plus acharnés pouvaient se reproduire. On obtenait donc des animaux impliqués dans leur tâche et possédant d’excellentes caractéristiques physiques.
À l’époque Victorienne, le chien est entré dans nos foyers. Considéré comme un ami mais aussi un faire-valoir, il a participé aux premières expositions. Puisque les chiens se démarquaient déjà par leurs capacités au travail, nous avons décidé de valoriser leur beauté. Pour départager les concurrents, des critères devaient être établis. C’est ainsi que le Kennel Club est né en 1873. Ce dernier devait veiller au respect du standard physique et comportemental qu’il avait établi (robes acceptées, position des oreilles, taille des individus…).
Sur le papier, l’idée n’est pas mauvaise. Sélectionner des chiens pour leurs caractéristiques physiques et mentales devait permettre de s’adapter aux goûts et au mode de vie de chacun. Le but ultime du Kennel club est d’ailleurs de valoriser les meilleurs éléments. En résumé, d’aider la nature à conserver de bons reproducteurs. Malheureusement, vous l’aurez deviné, si cet article existe, c’est que les choses ont mal tourné. L’idéal s’est transformé en obsession. Pour atteindre des objectifs insensés et le faire le plus vite possible, certains ont utilisé le côté obscur de la génétique.
La régression des races
S’approcher du chien parfait, décrit dans les livres, représente le Graal de toute une carrière d’éleveur, en étant aussi coûteux, énergivore et frustrant. La génétique, mouvante, pleine de surprises n’offre pas toujours ce à quoi l’on s’attendait. Ainsi, la saillie d’un champion valant plusieurs milliers d’euros peut s’avérer décevante : chiots hors normes, pas assez typés.
Pour pallier les risques, certains éleveurs ont choisi des raccourcis : consanguinité pour avoir plus de chance de conserver des caractéristiques, occultation de problèmes héréditaires d’un champion… Les raisons de ne pas mettre hors circuit un formidable “produit” sont nombreuses. Certains animaux, souvent largement titrés, valent des milliers d’euros et sont le fruit d’une longue sélection. Les stériliser condamne parfois toute une lignée prometteuse. Face à leurs concurrents, certains de ces éleveurs n’hésitent donc pas à cacher des tares qui se perpétuent.
Trouver le juste milieu
Bien sûr, avoir des individus vraiment parfaits est impossible. Trop de critères rentrent en compte : comportement, génétique, sensibilité médicamenteuse… Ces chiens deviendraient si rares qu’on devrait les reproduire entre eux, revenant au problème de la consanguinité. On peut comprendre la reproduction raisonnable entre un individu porteur sain et un autre indemne pour contrebalancer la maladie. La tolérance ne s’applique pas si on reproduit deux sujets porteurs d’une maladie à haut risque. Un dysplasique degré A ou B (léger) peut avoir des chiots avec un porteur sain, par contre il est moins éthique de marier deux dysplasiques D. L’œil du colley quant à lui, est récessif. La maladie se déclenche uniquement si les deux parents sont porteurs. Il est donc admissible d’accoupler une porteuse de Grade 1 ou 2 (léger) avec un chien indemne.
Cette flexibilité relative excuse encore moins les agissements de certains éleveurs qui vont au-delà. Rechercher l’absolue perfection pourrait même mener à un appauvrissement du patrimoine génétique. Cependant, la nature nous impose des limites qu’il faut savoir respecter.
Des études, souvent vulgarisées par des documentaires ont mis à jour des pratiques inacceptables, dont la reproduction de chiens malades ou hypertypés (nous en reparlerons plus tard). La maltraitance génétique est la grande coupable de l’explosion de chiens en mauvaise santé, à une ère de techniques de biologie moléculaire et le développement d’outils génétiques performants.
Être malade et champion de beauté à la fois, c’est possible
Le Kennel club, alerté, ne prend pas autant de mesures qu’il le pourrait. Il a ainsi nommé champion un carlin atteint de plusieurs maladies génétiques. Autre scandale répertorié par le documentaire “Chiens de race, maîtres fous » : un pékinois illustre roi de beauté avait déjà été opéré du palais à cause de problèmes respiratoires. Lors de la remise des coupes, il était posé sur un coussin réfrigérant sous peine de s’évanouir. Enfin, les problèmes comportementaux (en partie également transmissibles) sont très peu pris en compte. Il suffit de lire les quelques pauvres lignes dédiées au caractère de chaque race, tandis que les mensurations parfaites de la tête ou de la queue prennent des pages entières.
Des chiens incapables de se reproduire naturellement
Certaines races se sont vues régresser à tel point que les femelles ne peuvent souvent plus mettre bas naturellement. Il faut presque systématiquement avoir recours à une césarienne. Ainsi, selon le magazine “lignées” publié par la SFC (Société Francophone de Cynotechnie) en 2010, 80 % des chiens boston terrier, bouledogue français et bulldog anglais naissent par césarienne. La Royal Veterinary College (université de Londres) a publié ses recherches en 2019. Entre 2012 et 2014 des chercheurs se sont basés sur un échantillon de 20 000 chiennes de race Bouledogue Français ayant besoin de soins urgents dans 50 cliniques. Le résultat fait peur : une bonne partie des femelles étaient victimes de dystocies, soit des difficultés, essentiellement mécaniques lors de la mise-bas. Bassins trop petits, malformations, anomalies de contractions de l’utérus mais aussi crânes des chiots trop grands sont les principaux coupables de ces complications.
Nous comprenons donc que la mère n’est pas naturellement apte à se reproduire et qu’elle ne devrait pas être en mesure de le faire. Pire encore, les chiots sont déformés avant même leur naissance avec leurs crânes trop gros. La faute à certains juges en exposition et certains consommateurs aiment les bouledogues avec une tête massive. Ils ne cherchent même plus à égaler le standard de la race, mais à le surpasser. C’est ce que l’on appelle l’hypertype.
Quand une tare génétique devient belle
Les hypertypes : le prix de la conformité
Puisque nous parlions des chiens de show, continuons sur cette lancée. Pour se différencier de leurs concurrents, certains éleveurs n’hésitent pas à souligner les caractéristiques qui plaisent le plus au client. Si le nez court du carlin amuse les foules, pourquoi ne pas le raccourcir davantage encore ? Et puisque le bull terrier est unique avec sa tête sans stop, autant la recourber complètement. Dans notre société, cette exagération dangereuse des traits d’une race est immédiatement gratifiante : les chiens valent plus chers, ils sont primés et font beaucoup de likes sur les réseaux sociaux.
Aujourdhui, il suffit de taper sur google le nom d’une race pour voir s’afficher ses principales caractéristiques. Nous pourrions penser que les problèmes de santé sont soigneusement cachés, la réalité est bien pire : ils sont acceptés. Ces sites admettent sans difficulté qu’un bouledogue est souvent malade et qu’il faut prévoir un budget de soins important, et ce, avant même l’arrivée de l’animal.
La résignation générale face à une maladie évitable
Certains forums de passionnés expliquent, fatalistes, que les bouledogues sont, par essence, condamnés. Les témoignages sous la photo d’un individu malade s’accumulent “Courage, le mien aussi est paralysé de l’arrière-train”. Une des phrases qui nous a le plus choquée fut “Malheureusement, les boubous sont comme ça, mais ce sont les meilleurs chiens du monde”. Comme si leur personnalité pouvait effacer toutes ces souffrances programmées à l’avance. Nous ne parlons pas ici d’accepter le handicap d’un animal déjà conçu, qui vit et respire et dont on doit prendre soin. Mais d’accepter de faire naître des animaux à peine viables, “faits” pour perdre leur mobilité à trois ans ou développer des maladies respiratoires. Certaines compagnies aériennes sont tellement conscientes des problèmes des brachycéphales, qu’elles les refusent systématiquement. Pareil pour les Shar Pei qui doivent souvent passer sur la table d’opération à cause des plis qui chutent sur leurs yeux. Ces sujets sont abordés avec une certaine résignation par les passionnés. Cette attitude n’est pas sans rappeler l’obsolescence programmée de nos chers smartphones.
Heureusement, certains élevages ont renoncé au museau trop court et cherchent à revenir en arrière. Quelques passionnés choisissent soigneusement un petit compagnon sain. C’est malheureusement une tendance encore peu valorisée : ces chiens ne sont guère primés en exposition, les clients ne les recherchent pas. S’éloigner ainsi du nouveau standard les rend moins rares et précieux. Les carlins ou les bouledogues ne sont qu’un exemple criant de ce goût pour l’exagération. L’homme trouve les tares génétiques belles.
Toujours plus petits, toujours plus grands
Toujours plus petit ou plus grand font partie des critères de mode qui mènent à des aberrations. Les rottweiller d’hier, anciens compagnons agiles mais puissants pèsent à présent plus de 60 kilos. Cette nouvelle ferveur augmente les risques de dysplasie et déforme la structure quand l’élevage n’est pas éthique. Les races minuscules ont encore rétréci, donnant une nouvelle catégorie : les chiens tasses de thé. Frôlant à grande-peine les 1,8 kilos, ils sont souvent condamnés : déformations des pattes, organes trop gros pour leur squelette. Sans oublier les risques de chutes mortelles ou d’écrasement par des congénères voire leur propriétaire. Côté gigantisme, les chiens de plus en plus grands perdent des années de vie en même temps qu’ils gagnent des centimètres.
Le double-merle : les dommages collatéraux d’une mode
Tout comme nos vêtements, les couleurs suivent des mouvances à la mode. Ces dernières années, de nombreuses races comme le berger australien et le border collie sont appréciés pour leurs robes chatoyantes. L’une d’elles en particulier fait chavirer les cœurs : le merle qui résulte de l’expression d’un gêne, lequel code la couleur. Problème ? En reproduisant un merle avec un chien qui ne l’est pas, on obtient naturellement moins de chiots ayant cette robe. Pas très rentable pour les éleveurs qui vendent souvent plus cher les merles. Solution logique : accoupler deux chiens avec cette couleur si demandée. Dommage, reproduire deux chiens merles cause une tare génétique dont nous détaillerons les conséquences juste après. Lorsqu’un chien possède une copie du gène, hérité de ses parents, il n’y a pas de problème. Il est juste merle. Cependant, si les deux géniteurs lèguent cette teinte, le petit se retrouve avec deux copies du gène dans son ADN : c’est un double merle.
Le double merle : un sort à double tranchant, on jette ou on adore
On obtient un chiot majoritairement blanc, mais évidemment, ce n’est pas le seul symptôme: très souvent sourds, les doubles merles sont aussi parfois aveugles ou malvoyants. De nombreuses complications oculaires, (sans parler des anomalies présentes dès le début, dans certains cas) dont de douloureuses uvéites (des inflammations à l’intérieur de l’œil) menant dans certains cas à l’énucléation (son retrait). 25% des chiots ce cette portée sont condamnés à être double merle (statistiquement parlant, en réalité, tous les petits peuvent être touchés). Cette souffrance a été reconnue puisque l’accouplement entre deux merles est interdit depuis juillet 2017. En pratique, des éleveurs continuent de promouvoir ce type de mariage. Il faut dire que la punition est bien légère : le refus au lof de la portée concernée, rien de plus. Le nombre de double merle augmente chaque année, alors qu’un test génétique sur le gène merle est disponible. Ce dernier, d’ailleurs, est nécessaire puisqu’un chien qui ne semble pas merle (qu’il soit tricolore, bicolore ou est un pelage uni) peut porter le gêne problématique. C’est ce qu’on appelle un merle caché). Plusieurs associations détaillent les risques concernant les races à la robe merle. Pourtant, les reproductions continuent, et si l’on peut admettre de particuliers (acheteurs) qu’ils ne soient pas forcément au courant, pour les professionnels, c’est déjà plus délicat.
Malgré une reconnaissance de certaines pratiques, les condamnations restent anecdotiques. Aucun reproducteur n’est officiellement écarté parce qu’il a des tares génétiques. C’est à l’éleveur de choisir de respecter une éthique qui lui coûte souvent des centaines d’euros et des années d’investissement. Difficile alors d’opter pour la bonne voie. De sévères sanctions pourraient décourager de telles aberrations, mais encore faudrait-il que le standard de beauté soit revu afin de ne plus valoriser des individus malades.
Chien de travail à tout prix
Bonne nouvelle parmi toutes ces constatations désastreuses, la vérité sur la maltraitance génétique se fraye doucement un chemin. Il est aujourd’hui plutôt facile d’avoir accès à des documentaires ou des articles sur le sujet. Tapez “chiens tasse de thé” dans votre navigateur, les premiers liens vous mettent déjà en garde. Ainsi, le monde de la beauté canine est souvent pointé du doigt. Dans une certaine mesure, il a mauvaise réputation et l’on se méfie des lignées de show. Pourtant, les lignées de travail, encensées, ne sont pas en reste.
Le border, plein d’instinct, en passant par l’agile malinois capable de sauter deux mètres ont eu aussi leurs petits secrets de mauvaise fabrication. Obtenir un champion, vous l’aurez compris, n’est pas une chose aisée. L’animal doit cumuler instinct, aptitudes physiques et censément, un caractère adapté. Difficiles d’accumuler tous ces points, surtout quand la santé entre aussi en jeu. Ainsi, lorsqu’un chien montre des capacités extraordinaires et que les titres s’amoncellent, certains éleveurs choisissent d’ignorer les autres critères. Faut-il sacrifier un berger allemand classé premier en ring depuis des années, juste parce qu’il a une dysplasie ? Et que dire de cette malinoise qui accumule les coupes ? Elle est mordeuse, on fait avec, tant pis si elle transmet sa réactivité aux chiots. Trop de chiens de travail sont ingérables dans la vie quotidienne. Excitation extrême, instinct incontrôlable, hyperactivité, réactivité, on retrouve ces victimes de l’inconscience humaine dans les refuges. C’est le revers de la médaille d’exigences trop poussées : on veut toujours plus énergique, plus intelligent et instinctif.
Cette escalade condamne tout autant les chiens de lignée travail que de lignée beauté. Il nous faut donc être prudents et naviguer entre les petits secrets et les grandes arnaques. Bien sûr, il existe des élevages très éthiques dont nous pouvons saluer la passion réelle. Ce sont eux que nous devons privilégier et valoriser. Pour trouver le meilleur élevage possible et éviter les pièges, nous vous invitons à consulter notre article “ si vous voulez le meilleur chiot, choisissez le meilleur élevage”.
Nos témoignages
Afin d’étayer nos propos, nous avons fait appel à notre communauté. Les témoignages ont afflué, évocateurs de la triste réalité de la maltraitance génétique. Nous en avons sélectionné quelques-uns pour vous les montrer anonymisés.
Bobby, chien dysplasique E
“Suivant les conseils de particuliers enchantés, j’ai acheté un chien de chasse dans un élevage réputé. Ce dernier est issu d’une grande famille de champions. L’éleveur m’a assuré que tous les tests de santé sont parfaits. Jusqu’à ses 10 mois, rien à signaler, mais un jour, mon springer s’est mis à boiter. Le verdict du vétérinaire était sans appel : Bobby était atteint d’une dysplasie E, soit le degré le plus sévère qui soit, d’origine génétique.
J’ai cherché sur Lof Select pour voir les résultats du père, mais ils n’étaient pas affichés, contrairement à ce que l’éleveur m’avait dit. Je l’ai contacté et il m’a envoyé une radio. Quand mon vétérinaire l’a analysée, il a découvert que c’était en réalité la radio d’un chiot de 3 mois. Confronté, l’éleveur à finalement avoué ses mensonges. Le père de Bobby n’avait jamais été testé. J’ai contacté le club de race ainsi qu’un délégué régional afin de dénoncer cette pratique : aucune réponse. L’éleveur n’a pris aucune disposition. Son champion continue de disséminer des dysplasies au sein de ses portées, au même titre que son instinct de chasseur incroyable.”
Un particulier qui cherchait un finnois de Laponie
“Dans les finnois de Laponie, cet élevage est connu pour être une usine à chiots qui enchaîne les portées sans dépistage des tares habituelles, et même pire qui continue les reproductions de chiens ayant fait des chiots affectés de tares graves (aveugles à 6 mois). Qui vend sur le bon coin des croisements de ses propres races (Eurasier x finnois) et qui vend du coup des LOF qui sont fortement soupçonnés d’être au final des croisements. Et enfin qui n’hésite pas à faire reproduire demi frère-demi sœur voire père-fille pour avoir une couleur qui se vend bien. Et y a aussi les pères et mères sur le site qui sont parfois différents des pères et mères sur les papiers.”
La propriétaire d’un Berger Australien
“Mon australien avait déjà pas mal de problème trop grand pour être confirmé manque un croc gros soucis digestif, il a déclaré de l’épilepsie très forte. Il en est finalement décédé à 6 ans et demi. Quand j’ai prévenu l’élevage du manque de croc ils m’ont dit ça arrive on y est pour rien, quand je les ai prévenus pour l’épilepsie ils m’ont dit courage et m’ont bloqué partout. j’ai su plus tard que mon Loki venait de lignée qui produisait de l’épilepsie ça se savait mais ils ont continué en toute impunité. J’ai découvert que 5 ou 6 austra (que je connais) de leur élevage était épileptique. Ça fait beaucoup pour un élevage. La mère de mon chien a continué à reproduire même après que je leur ai signalé l’épilepsie de mon chien. Bref, arnaque volontaire je ne sais pas mais ils ferment les yeux”
Une future propriétaire de Chien-Loup Tchecoslovaque bien renseignée
“J’ai découvert pas mal de truc pas ouf dans les élevages français quand j’ai commencé à m’intéresser au chien loup. Un des + connu en France propose des CLT. Je ne parlerais pas des conditions d’élevage et de vente qui m’on fait fuir, parce que ce n’est pas le sujet, mais bien de tromperie sur les testes génétique et radio. J’avais à l’époque vue que les résultats affiché par l’élevage et donner quand je les ai demandé ne correspondais pas toujours à ce que je pouvais trouver si je vérifiais sur Lof Select. Dans d’autres élevage de CLT, les reproducteur présentés de fort signe de réactivité humain / congénère mais la beauté hyperlupoïde prévaut sur tout…
Lutter contre la maltraitance génétique
Nos témoins sont formels : dans certains cas, pas besoin de fouiller les moindres recoins du net. “Ça se sait”. Les problèmes de santé ou de comportements sont connus, ils ont parfois même été dénoncés mais sans résultats. Aujourd’hui, tous ces éleveurs, dont certains sont vraiment importants, continuent de produire. Si l’on observe un réel effort pour informer les futurs propriétaires, nous pourrions encore œuvrer pour le bien-être des chiens en punissant réellement ces marchands. Sans aller jusqu’à l’extrême (l’épilepsie n’est pas obligatoirement transmissible, et la dysplasie peut être d’origine accidentelle), il faudrait raffermir les critères de droit à la reproduction. Pénalisation en concours des chiens dysplasiques ? Valorisation de chiens équilibrés et non hypertypés par les juges ? Révisions des critères de sélection au CACIB par les juges ? Lourde amende en cas de récidive pour une reproduction entre deux merles ? Seuls les clubs de race, et tout en haut de la liste, la SCC peuvent réellement inverser la tendance.
Quant à nous, propriétaires et futurs propriétaires, nous devons continuer de nous renseigner et de dévoiler la vérité. La sensibilisation auprès du jeune public, le boycott pacifique d’élevages réputés pour leur trafic et la valorisation des vrais professionnels sauront faire la différence.