Les pièges à éviter avec la longe

Bleue, rose, de 5 à 20 mètres, la longe devient un outil du quotidien pour les amateurs de l’éducation canine. Les plus sceptiques, cependant, s’interrogent : est-elle aussi sécuritaire qu’une laisse ? Offre-t-elle assez de liberté au chien ? Souvent difficile à apprivoiser, ce lien en cuir, en biothane ou en corde déclenche encore bien des débats. 

Dans notre monde urbain, rempli d’obstacles et de tentations, la longe devrait être une évidence. Cet outil protège notre meilleur ami de ses pulsions et le sécurise s’il ne peut pas être lâché. La longe, souvent culpabilisante, possède de nombreux bienfaits, parfois insoupçonnés : aide au rappel, répondre aux besoins du chien, pause parfaite entre deux sessions de travail sur la réactivité… On pense à tort qu’attacher son chien est un échec, alors que c’est un tremplin vers la liberté. A condition, certes, de bien utiliser la longe. 

Une longe ce n’est pas que pour les chevaux

Quand on pense longe, on a tendance à se référer à cette sorte de longue laisse en nylon utilisée pour mener les chevaux au pré. Mais elle est aussi très utile dans le monde du chien. Elle offre un périmètre de liberté aux toutous sans rappel, réactifs, harceleurs, en convalescence ou surexcités, et permet à ces duos de profiter d’une belle balade. Le chien dispose d’un espace suffisamment important pour renifler, aller et revenir à son rythme. Cependant, cantonner la longe à cette utilisation est assez réducteur, elle possède bien des atouts. 

 

La longe, un outil transitoire

Chez Cynotopia, nous pensons que cet outil est transitoire. Non seulement on peut balader son chien en toute sécurité, mais on peut également s’en servir comme d’un tremplin vers la liberté. La longe, si nécessaire soit-elle, est temporaire. Il suffit juste d’apprivoiser cette aide de tous les instants et de profiter pleinement de ses avantages. Avec le bon mode d’emploi et les pièges à éviter, que nous verrons dans la seconde partie de cet article, nous pouvons faire des merveilles. En attendant, voici un petit rappel sur les possibilités de la longe, alliée souvent mal aimée et sous-estimée. 

Répondre aux besoins de son chien

La popularité croissante de la longe a donné naissance à de nombreuses déclinaisons. De 5 à 20 mètres, en cuir ou en biothane, les humains peuvent aisément choisir laquelle correspond le mieux à leur loulou et à son environnement. Beaucoup de troubles de comportement sont en partie liés au manque de dépense physique et mentale du chien. Excitation, manque de rappel etc. Problème : on ne peut pas lâcher un animal réactif pour combler ses besoins, et la laisse ne permet pas une réelle réponse. Un cercle vicieux s’installe, si on ne le libère pas : Fido ne sera pas attentif au travail, impossible donc de le rééduquer. Si on le lâche, il peut s’auto-renforcer (aborder des chiens de manière impolie, agresser, ne pas revenir au rappel). La longe devient une véritable alliée pour préparer convenablement Toutou à travailler. Elle lui permet de se défouler en lui offrant une belle autonomie, mais surtout d’avoir accès aux odeurs dans un périmètre assez large. Saviez-vous qu’un chien se dépense mieux en reniflant qu’en courant partout ? Nul besoin de galoper des heures s’il a de quoi explorer. 

Éduquer ou rééduquer son meilleur ami est très énergivore. Il est parfois difficile de se motiver, surtout quand on sait que “laisser couler” peut détruire nos acquis précédents. La marche en laisse, par exemple, est l’un des exercices les plus exigeants mentalement. Si Fido tire, même lors des sorties pipi, il s’auto-renforce, impossible donc de s’octroyer une pause dans l’apprentissage… Sauf si on a une longe ! Prendre le harnais et la corde de 5 mètres permet de faire des balades tranquilles en espace ouvert, sans faire le poteau à chaque pas. Le chien n’associe pas la longe à sa laisse habituelle et son comportement ne se dégrade pas. De même, notre fidèle alliée permet aux référents de réactifs de promener Médor sans forcément travailler : il leur suffit juste de respecter sa zone de confort et de profiter. 

Pallier la dégradation d’un comportement

Nous profitons souvent, à raison, du suivi naturel de notre chiot. Malheureusement, nous avons vite fait de prendre l’habitude. La dégradation du rappel (qui tarde trois secondes au lieu d’une au début) se fait sentir uniquement lorsqu’il est trop tard. Médor, adolescent prend plus d’indépendance, il découvre les joies du grignotage des rues, rechigne à revenir pour rester jouer avec ses copains… Et comprend que l’humain ne peut rien faire pour l’obliger à rentrer. La friandise perd de sa valeur, et que dire des méthodes coercitives (gronder le concerné quand il revient enfin) qui rompent souvent le lien construit avec Fido. C’est pourquoi il faut changer de stratégie : et si au lieu de réparer, on anticipait

La longe nous permet de contrôler l’environnement. On ne peut pas se balader dans un parc et ramasser tous les restes de sandwichs par terre avant de lâcher Fido ? Alors on évite les poubelles grâce à la longe, et surtout on travaille le fait d’y renoncer à distance. Les chiens sont des opportunistes nés. C’est grâce à cet instinct qu’ils survivent, mais à cause de lui que nous avons peu de poids face à une poubelle remplie. Nous devons convaincre son cerveau que notre solution est la meilleure. Entre frustrer car il ne peut pas accéder à l’appât qui traîne et recevoir une friandise exceptionnelle dès qu’il y renonce… Toutou saisit vite où est son intérêt. L’un des points clés de l’éducation comme de la rééducation est la distance. Ce processus permet de travailler étapes par étapes en limitant les échecs. Médor ne fait que progresser, et de victoires en victoires, il gagne en confiance, le lien du duo se solidifie, préparant un avenir radieux sans attache. 

 

Éviter les échecs, c’est garder confiance en soi

Bien que l’éducation ne soit pas une course, il est très satisfaisant de constater que le comportement de Rex s’améliore de manière constante. En liberté, notre meilleur ami parvient souvent à déjouer notre vigilance. Nous rentrons alors frustrés, dégoûtés d’avoir fait un pas en arrière. Avec la longe, les échecs sont moins nombreux et plus facilement rattrapables. Le mental de l’humain, souvent négligé à tort, est pourtant essentiel pour la dynamique du duo. Autant le préserver en accumulant nous-même des expériences positives, sans risquer les négatives qui démotivent et démoralisent à raison. 

Souvent vécue comme un énorme saut en arrière, voire une finalité inexorable, la mise en longe représente pourtant tout le contraire. Il ne faut jamais culpabiliser à l’idée de l’utiliser. En empêchant Toutou de sauter sur les gens ou sur ses congénères, nous évitons bien des ennuis, en plus d’être des citoyens modèles. Mais surtout, elle nous assure une amélioration régulière à défaut d’être rapide. Au bout du compte, un chien éduqué via la longe aura des bases très solides et sera prompt à prendre de meilleures décisions que certains autres, toujours lâchés. Il apprend des concepts d’autocontrôles en douceur, choisissant lui-même d’avoir une réaction adéquate au lieu d’y être contraint. On lui a laissé le temps de comprendre que ça vaut la peine d’obéir. Encore plus beau, Toutou renonce seul à certains comportements. Le duo a davantage confiance l’un en l’autre. Finie la surveillance constante, les “non” pour éviter les problèmes, notre chien devient autonome. Quant aux petits raccommodages et fignolages, nécessaires tout au long de la vie, ils seront moins fastidieux. Avec des bases solides, notre chien se rappellera vite des bons comportements à adopter

La longe construit des réflexes 

Concernant le rappel, la longe a un intérêt tout particulier. Elle permet de diminuer le cercle de suivi de Fido. Si ce dernier s’éloignait de 30 mètres, à force de se promener à 5 ou 10 mètres de distance et d’être récompensé pour cela, même détaché, il restera plus proche de nous. S’il décide de faire la sourde oreille, Rex se retrouve bloqué en bout de longe. Il apprend sans brutalité qu’aucun rappel ne peut être ignoré ou déjoué même face à du gibier. Bien sûr, il ne suffit pas de restreindre pour éduquer, mais c’est la première phase pour un rappel en toutes circonstances, y compris chez de vieux chiens n’ayant rien appris avant, de grands chasseurs ou des primitifs. 

Même en vous épargnant la description des avantages évidents de la longe (sécurité d’un chien sans rappel aux abords des routes, respect élémentaires d’autrui), la liste reste fournie. Contrairement aux idées reçues, cet outil a un but éducatif qui permet d’aller au-delà des balades attachées, pour qui le souhaite. Sans contraindre le chien durant l’apprentissage (non, un chien n’est pas malheureux attaché !) Elle solidifie le lien entre le référent et son meilleur ami, permettant une éducation d’excellence qui aboutira à de belles promenades en liberté. 

 

Utiliser la longe de la bonne manière

Si la longe a mauvaise presse, c’est en partie parce qu’elle est difficile à dompter. Personne n’a envie d’avoir à faire à ce grand serpent imprévisible qui cingle les chevilles, se noue autour de poteaux et brûle les doigts. Or, il existe des méthodes pour l’apprivoiser et s’en faire une alliée. Nous allons voir quels pièges éviter et comment vraiment bien profiter des avantages de la longe

Quelle longe choisir ?

Parmi les matières proposées, nous optons pour le Biothane qui se lave très facilement, s’emmêle peu et ne scie pas les mains lorsqu’il file entre les doigts. Plus important encore, il ne se distend pas. Le chien et l’humain communiquent grâce à ce lien. Les tensions indiquent les besoins de Toutou (doit-on lui donner plus de mou ?) ou les demandes de l’humain qui, grâce à une légère pression peut avertir d’un demi-tour. Des matières comme le cuir réduisent cette sensation car elles sont élastiques : ni Fido, ni son maître ne sentent les tensions. Ces longes sont aussi souvent moins solides, elles se détendent beaucoup, laissant le chien atteindre son déclencheur. 

Le matériel à utiliser en duo avec la longe

Si le coquin tire souvent, nous conseillons d’utiliser un harnais en Y pour les balades en longe, cela réduit la violence des accoups lorsque Sultan se jette en bout de longe. On protège son cou en répartissant l’onde de choc. 

Une longe ça se tient comme une fourchette : d’une seule manière

Tout comme manier des baguettes dans un restaurant chinois demande une certaine forme d’art, la longe se manipule d’une seule bonne façon. Elle doit pouvoir filer entre les doigts afin d’augmenter ou réduire la longueur selon les besoins. De même, il faut éviter les nœuds ou que Toutou ne s’emmêle autour de chaque poteau. Pour se faire, on peut lui apprendre à réagir à la cessation de pression ou lui apprendre à faire le tour des obstacles seul. Voici en exclusivité une vidéo tirée de notre programme Mission Rappel qui vous montre comment tenir correctement votre outil.

 

La longueur idéale de la longe

En ville, la sécurité avant tout, on opte pour la laisse

En ville, nous déconseillons vivement la longe. Une rencontre inattendue à un carrefour, une voiture qui roule trop près du trottoir, un croisement de congénères dans une ruelle étroite… Les risques sont trop grands, dans les lieux urbains où nous devons faire preuve de beaucoup de réactivité. L’apprentissage de la marche en laisse (avec une longueur de 1.5 m à 3 mètres maximum) devient donc nécessaire. D’ailleurs, cet acquis aide vraiment pour des balades en longe sereines car le chien est habitué à gérer un lien court. Il est plus attentif à son humain dans un espace restreint

Chien actif n’a pas besoin de plus de longueur

Une longe de 5 mètres est parfaite en forêt, dans des parcs encombrés ou lors d’une balade collective. Elle offre une relative liberté sans mettre en danger les chevilles de nos compagnons à deux et quatre pattes. Une trop longue longe s’enroule plusieurs fois autour d’un arbre, s’accroche aux buissons et stoppe brutalement Fido dans sa course. Il pourrait d’ailleurs rester bloqué, se retrouvant dans l’incapacité de nous rejoindre.

On peut opter pour une longe de 10 mètres dans des lieux dégagés comme une plaine, où l’on contrôler facilement l’environnement (voir un chien débarquer de loin, éviter le seul obstacle planté au milieu du paysage, avoir le temps de demander un demi-tour sans se presser). Quant à la longe de vingt mètres, même si nous ne sommes pas d’office contre, nous ne sommes pas non plus spécialement pour. Une telle longueur suggère que Médor a besoin de davantage de liberté : il tire, désespéré par l’envie d’obtenir plus de corde. En réalité, c’est plus une habitude acquise au fur et à mesure des changements de longes. Il a appris que la balade se passait “en bout de corde” et il réagirait exactement pareil avec une nouvelle longe de cinquante mètres. Une telle longueur lui donne seulement l’habitude d’évoluer loin de son propriétaire. 

Une longe de 10 mètres est amplement suffisante pour que Toutou accède à de nombreuses odeurs. Il peut ainsi prendre son temps et réellement profiter du périmètre qui lui est offert. 

 

Travailler pour que le chien ne reste plus en bout de longe

Comme nous l’avons déjà signalé, un animal qui va sans cesse en bout de longe ne manque pas forcément d’exercice. Il peut simplement y être accoutumé. Contrairement au réflexe que l’on pourrait avoir de lui acheter une corde plus longue, on va la raccourcir. En effet, avec une longe plus courte (passer de 10 mètres à 5) le temps de quelques balades pour aider Fido à se reconnecter. On lui propose des petits jeux de relations et de connexion afin de valoriser notre présence. On trouve des nouveaux endroits de balade avec plein d’odeurs enrichissantes afin de combler le manque de liberté. 

La longe n’est pas la solution finale. 

Le but premier de la longe est d’enseigner à son chien un rappel en toutes circonstances. Tous peuvent réussir, nos 2 500 élèves de Mission Rappel nous le prouvent sans cesse : du vieux chien qui n’avait rien appris avant au primitif en passant par le chien de chasse invétéré. Un point commun ? Une longe bien utilisée et des exercices chaque jour. 

Elle devrait être un outil transitoire vers “autre chose”. Même si cela demande des années de travail, ou que chacun peut y aller à son rythme (au contraire, se précipiter est dangereux !) il est important, pour le moral, d’avoir en tête une autre finalité que la longe. Lâcher son meilleur ami dans un environnement sécurisé, puis pourquoi pas dans les parcs, afin de lui offrir un plein épanouissement, mais surtout de laisser notre confiance mutuelle grandir.

Se donner un objectif, c’est trouver la motivation de stimuler notre toutou et d’interagir avec lui lors de nos balades. Bien sûr, il n’est pas question de passer sa vie à faire des exercices: la promenade de Rex lui appartient. Toutefois, en alternant les sorties travail et les promenades relax, vous lui offrez un vrai moment privilégié à vos côtés, la promesse d’une évolution pour un jour, vous passer de cet outil formidable, mais temporaire qu’est la longe.