Votre chien n’obéit pas : les 3 vraies raisons

Sultan s’étouffe sur sa laisse ? Lassie semble bouillir d’impatience quand on lui demande de s’asseoir ? Rex pleure de désespoir pour rejoindre ses congénères ? Depuis des millénaires, nous avons forgé les chiens pour qu’ils soient des compagnons actifs, intelligents et surtout sociaux. Il n’est donc pas étonnant qu’ils ressentent un besoin viscéral de se dépenser et de jouer avec leurs pairs. Mais que se passe-t-il si nous les privons de ces interactions ? Et si les problèmes de comportement qu’ils rencontrent n’étaient pas des problèmes en soi, mais simplement des manques à combler ?

Imaginez que votre chien possède trois jauges essentielles. Pour qu’il soit attentif pendant une séance d’éducation ou simplement épanoui, ces jauges doivent être remplies au moins aux trois quarts. Chacune d’elles représente un besoin primaire. Pour la dépense physique, il suffit de courir ou de se promener, mais pour les deux autres, c’est un peu plus complexe : la stimulation mentale doit être de qualité, et les rencontres avec d’autres chiens doivent être soigneusement choisies. Alors, comment pouvons-nous aider notre chien à remplir ces fameuses jauges ?

Les jauges

a- Les différentes jauges

Avoir l’estomac rempli ne suffit pas. Toutou a d’autres besoins. On les illustre par trois jauges qui se remplissent selon les activités et qui se vident les jours où Fido ne fait rien. C’est à nous, humains, de connaître ce dont notre meilleur ami a besoin pour qu’il se soit bien dans ses pattes. Hors problèmes de comportement liés à la génétique ou un traumatisme, de nombreux soucis (fugues, aboiements, surexcitation) peuvent être réglés ou du moins, atténués grâce au respect des besoins fondamentaux de Toutou. 

La jauge physique est la plus simple à comprendre. Elle représente le besoin de se défouler : courir, sauter, galoper dans un grand espace sans trop réfléchir. Comme certains d’entre nous, Fido n’a pas les idées claires tant qu’il n’a pas fait son sport du matin. Ses pattes le démangent, il casse tous ses “pas bouger” et montre des signes d’excitation s’il ne se dépense pas assez. 

La jauge mentale concerne l’intellect. Certains chiens adorent être stimulés mentalement. Ils veulent être sollicités pour des séances de tricks ou des activités de flair . À l’instar de ceux qui se calment en faisant un puzzle, ils aiment réfléchir, résoudre des problèmes.

La jauge sociale correspond aux rencontres avec des congénères et humains. Pour davantage de compréhension, nous prendrons surtout en compte les rencontres avec d’autres chiens. C’est sans doute la jauge la plus variable selon l’individu. Aujourd’hui, on admet qu’un chien n’est pas obligé d’être sociable pour être équilibré. Il est parfois simplement introverti. Si Sultan veut toujours voir des copains, Rex se lasse après avoir dit bonjour. 

Pour faciliter la compréhension, nous avons dessiné trois jauges de tailles égales, or, vous l’aurez compris, elles sont très différentes selon l’individu. Un chien très sociable a une jauge violette inépuisable qui se vide très rapidement et se comble lentement. En revanche, un chien réactif qui juge les rencontres avec congénères comme aversives se suffit d’en voir de loin. 

Selon son tempérament et ses habitudes, Fido est prêt à courir le marathon ou se contentera d’une petite balade pour remonter le niveau. Les autres jauges fonctionnent pareil sur le principe, mais là encore, tout le monde n’est pas égal. 

Certaines activités peuvent combler les trois types de dépenses à la fois, à divers degrés selon l’énergie du chien, la nature de l’activité, et la fréquence à laquelle il la pratique. Deux heures de baballe font déborder la jauge de dépense physique de Kiki, tandis qu’une balade où il alterne entre prise d’odeurs et de jeux remplit à la fois la jauge mentale et physique. C’est déjà plus équilibré.

b- Chacun ses jauges personnalisées

Chaque individu est différent, influencé par sa race, sa lignée mais aussi ses expériences et son caractère de base. Deux chiots issus d’une même portée avec une socialisation similaire peuvent être radicalement différentes. Les jauges ne sont pas de la même taille selon le caractère. Il faut donc apprendre à bien connaître son chien pour répondre au mieux à ses besoins. 

Prenons comme exemple Cherry et Tango, et analysons leur profil

Cherry est une golden de 9 ans. De nature déjà tranquille, sa jauge physique se remplit encore plus facilement depuis qu’elle vieillit. Trois balades de 30 minutes tranquilles par jour lui suffisent. Sa famille n’étant pas très axée sports canins, Cherry connaît seulement l’éducation de base et cela lui suffit. Un tapis de fouille, occasionnel parvient à l’épuiser. Elle n’est pas habituée et se concentrer pour trouver sa nourriture comble son besoin mental. Par contre, la golden adore la compagnie de ses congénères. Elle adore communiquer avec eux. Cherry a donc parfois la chance de passer des après-midi entiers avec d’autres chiens. Ces jours-là, sa jauge sociale se remplit totalement, mais pas d’inquiétude pour elle, demain elle serait enchantée de remettre ça ! 

Tango est un berger australien de 3 ans. C’est le chien d’une jeune femme célibataire, fanatique de sports canins. C’est d’ailleurs son premier compagnon, son rêve d’enfance qui se réalise, alors elle lui dédie tout son temps ! Tango a tout essayé : l’agility, le dog dancing, et même l’obéissance. Deux pauvres séances de dix minutes à travailler son rapport d’haltère ne le comblent pas. Chaque jour, il attend de patte ferme, en couinant, que sa propriétaire accepte de travailler avec lui. En balade, ni l’environnement, ni ses congénères ne l’intéressent vraiment. D’ailleurs, Tango n’aime pas partager ses jouets ou le temps de son humaine. Il tolère ses congénères pour un “bonjour” mais guère plus.

Dû au manque d’expérience de sa propriétaire, Tango a été sur stimulé avec des balades d’une heure dès son plus jeune âge. Il est donc en constante demande de dépense physique. Athlète dans l’âme, deux heures par jour ressemblent à une promenade de santé, pire encore, il récupère en 24h à peine de la dernière randonnée de six heures.

Vous l’aurez deviné, ces jauges de tailles différentes sont plus ou moins faciles à remplir selon l’individu. Un chien très souvent stimulé mentalement aura à peine rempli ses besoins avec une simple séance de travail. “Pas assez” ne comble pas les besoins fondamentaux du chien, “trop” rend Toutou inépuisable et ses jauges deviennent de vrais paniers percés, impossibles à satisfaire. Les jauges peuvent aussi changer au fur et à mesure que Toutou prend en maturité ou s’il fait face à un traumatisme. Victime de congénères harceleurs à répétition, la jauge sociale de Cherry la Golden pourrait doucement mais sûrement rapetisser. 

Certains chiens ne semblent même pas avoir de jauge sociale du tout, notamment les réactifs qui refusent le contact avec leurs congénères. À cause de ce problème comportemental, leur besoin est inhibé, au moins pour un temps. Une fois le souci réglé, les uns demeurent introvertis, tandis que d’autres deviennent, ironiquement, “trop” sociables. 

Observez votre chien et dessinez ses jauges, afin de savoir quand il sera disponible pour travailler avec vous. Voyez ce qui le rend le plus heureux, ce qui l’apaise facilement. S’il évite ses congénères après quelques rencontres (et que c’est récurrent), sa jauge sociale est plutôt petite. S’il se détourne des entraînements après quelques minutes, diminuez la fréquence. Il ne doit pas revenir systématiquement épuisé des balades, raccourcissez un peu. Au contraire, s’il est très excité, offrez-lui davantage de temps avant la séance de travail, faites des exercices de connexion avant de le solliciter.

 

Vous serez surpris des changements qui s’opèrent par le seul fait de balader votre compagnon trente minutes, de l’aider à redescendre en pression avec un petit jeu de recherche avant de bosser votre suite en laisse.

Un chien en manque 

Un chien n’est pas une machine sans âme à remplir de pâtée et à vidanger dans le jardin. De nombreuses études comme celle de Stanley Coren prouvent que notre meilleur ami a des émotions. Il est donc évident que des êtres aussi complexes ont des besoins spécifiques. Ne pas y répondre revient à s’exposer à des conséquences parfois dramatiques. 

Milou s’ennuie forcément dans ses 1 000 m2 de jardin. Théoriquement, il pourrait se dépenser physiquement, en pratique, il n’y a aucune stimulation mentale. Milou choisit une autre voie pour combler ses besoins : détruire, aboyer, creuser et plus rarement, fuguer. 

Un chien qui adore ses congénères mais n’a aucun contact avec eux s’excite à la vue d’une queue touffue. Incapable de gérer ses émotions, il se jette sur l’autre qui ne comprend pas, se sent même agressé et lui grogne dessus. Toujours dans son monde, l’amoureux des chiens monte en pression pour finir par décharger sur son vis-à-vis : la recette parfaite pour créer un réactif. Soit parce qu’à force d’être mal reçu par ses congénères, outré de son manque de communication, il prendra peur, soit parce que la frustration aura raison de lui. 

Ces problèmes semblent si graves, en partie causés par de “petits manquements” accumulés qu’on en viendrait à avoir peur. Faut-il être esclave de notre chien, ne pas travailler pour se permettre d’avoir un malinois ou un border collie

Répondre aux besoins de son chien 

Bonne nouvelle, on peut cumuler vie de famille et chien. Le tout étant de se ménager du temps pour s’occuper adéquatement de Fido. En ayant réellement conscience de ses besoins, et de comment y répondre, il y a même des chances pour que vous passiez moins d’heures inutiles, voire délétères à occuper ses journées. Voici quelques astuces pour remplir les jauges de votre meilleur ami. 

a- Les besoins physiques

Faire courir son chien, c’est bien, le faire intelligemment, c’est encore mieux. Comme nous l’avons déjà mentionné plus haut, la surstimulation n’a rien de bon. Sortir son border collie de 2 mois pendant une heure n’est pas dénué de sens, quand on sait que les éleveurs avertissent que c’est un chien qui a besoin de se dépenser énormément. Pourtant, c’est aussi dangereux pour sa santé physique que mentale (sans oublier la vôtre). En jetant une balle sans arrêt pour l’épuiser, vous construisez un athlète toqué du jeu qui aura besoin de 4 heures pour satisfaire sa jauge physique chaque jour. 

Le besoin physique est le plus simple à combler, mais le plus difficile à gérer. Il n’est pas aussi “nécessaire” qu’on ne pourrait le croire, et mieux vaut se concentrer sur la qualité de la sortie que la quantité. Une demi-heure sur un sol inégal (en forêt ou en montagne) améliore la proprioception du chien, nager lui permet de se muscler. Et si vous en avez l’occasion, pratiquer du fitness canin favorise un excellent maintien. 

De temps à autre, offrez à votre chien une balade collective avec des copains soigneusement sélectionnés. C’est un excellent moyen de remplir la jauge sociale et physique en même temps. Évidemment, ne lui imposez pas ce genre de rassemblement, auquel cas, elles ne lui seraient pas bénéfiques. Votre toutou doit être vraiment à l’aise pour profiter pleinement de l’événement. S’il est forcé à faire une activité, la jauge de Fido ne se remplit pas, au contraire, elle rapetisse et son seuil de tolérance diminue.  

b- Les besoins mentaux

Souvent sous-estimés, les besoins mentaux sont pourtant un moyen fantastique de remplir plusieurs jauges. Non seulement on stimule le cerveau de Sultan, mais on le fatigue aussi mentalement, surtout si l’on fait des jeux de flair. 15 minutes de reniflage équivalent à une heure de course sans but. Le chien répond à l’un de ses besoins fondamentaux en cherchant sa nourriture grâce à son flair.

Vous pouvez également pratiquer diverses activités comme faire des tricks ou de l’agility. Ces deux exemples, pour ne citer qu’eux, dépendent physiquement et mentalement les chiens. Comble du luxe, les plus sociables qui pratiquent en club remplissent aussi la troisième jauge. 

Bien qu’il soit plus difficile d’outrepasser les capacités d’un Fido qui saura vous dire “non” en décrochant, faites attention à ne pas trop le stimuler. Vous ne voudriez pas d’un chien qui exige de travailler, sous peine de retourner la maison, le jour où vous avez enchaîné les heures supplémentaires. 

c- Les besoins sociaux

Tout comme les besoins physiques, ceux-ci sont parfois surcotés, ou du moins, mal interprétés. Le chien étant un animal sociable, il paraît logique de vouloir que le nôtre joue souvent avec des “copains”. Non seulement il rencontre de nouvelles têtes, mais pendant que l’on discute avec les autres propriétaires, Cherry se fatigue et tout le monde passe un bon moment. Vouloir un chien épuisé dormant sagement dans son panier le soir est plutôt tentant, et ce n’est pas un mal si l’on ne reproduit pas systématiquement l’aventure. 

Malheureusement, au fur et à mesure, la concernée risque de ne plus supporter les simples croisements. Elle se sera habituée à être constamment entourée, à rencontrer sans cesse des congénères. Ne pas pouvoir dire bonjour la frustrera. 

Rencontrer tout congénère deviendra rapidement une norme. Outré que vous ne le laissiez pas aller voir la caniche d’en face, votre chien commencera à chanter la sérénade. Fido sera incapable de comprendre que ce jour-là, il devra se contenter d’une balade rapide sans jeux parce que vous avez une rendez-vous chez le dentiste. Sans compter que les chiens se copient beaucoup entre eux, et croyez-en notre expérience, ce n’est pas les bons comportements qui se transmettent. Laisser Toutou “s’éclater” avec un harceleur, c’est prendre le risque qu’il devienne pareil. Si son meilleur copain est réactif avec les autres, Toutou le suivra, chassant les copains aux alentours, contaminé par le stress. 

Choisissez vos rencontres avec soin, offrez une récompense à votre chien s’il se détourne de son congénère et passez votre chemin. Vous aurez probablement l’occasion de voir un autre copain plus loin. 

Maintenir les jauges de votre chien à un niveau correct sans déborder, c’est s’assurer de son équilibre. Rassurez-vous, dans cet article, nous avons été théoriques pour faciliter la compréhension, mais l’évaluation de ces jauges se fait assez naturellement en général. De la même façon, ne croyez pas qu’en répondant aux besoins de votre chien, ses soucis de comportement disparaîtront. La majeure partie du temps, ils s’amenuisent, ou le chien est plus disponible pour travailler (non courir deux heures n’apprend pas à Toutou à cesser de tirer en laisse, mais il est plus attentif à vous). 

Vous pencher sur les besoins de votre chien vous permettra de comprendre bon nombre de ses réactions. Pourquoi à cet instant T, il ne vous regarde jamais, pourquoi il est excité en sortant de votre appartement. En lui offrant ce dont il a réellement besoin, vous lui donnez envie de collaborer avec vous pour des petits jeux de connexion et d’autocontrôles qui, eux, règleront certains problèmes comme le rappel. 

Un chien bien dans ses pattes, confiant envers son humain est capable de prouesses, mais cela se mérite. Le travail doit être progressif, valorisant Toutou à chaque instant. Programmez des exercices faciles, diversifiés pour améliorer ses capacités avec Mission Rappel. Au programme : 50 jeux, illustrés par des vidéos explicatives et  20 cours théoriques, étalés sur 5 mois. Apprenez en toute autonomie à Fido à ignorer les distractions pour rester avec vous. Vous en saurez davantage sur comment remplir ses jauges, analyserez son profil pour mieux comprendre ses besoins et comment organiser des temps de jeux ou de travail.