Tutos youtube et tricks : éviter les pièges

D’abord “réservés” aux professionnels qui divertissaient les foules avec leurs chiens “savants”, les tricks se sont démocratisés. Cette dernière décennie, l’accès aux réseaux sociaux tels que Youtube ou Instagram a contribué à révéler les astuces de ces magiciens canins. Autodidactes ou professionnels n’hésitent pas à partager des tutoriels faciles (en apparence) à appliquer à la maison, pour apprendre à son meilleur ami à faire le beau ou effectuer des tâches de chien d’assistance. Sur le principe, l’idée est excellente, elle permet de diffuser cette activité enrichissante pour le duo et valorisante pour nos poilus. Malheureusement, tous les tutoriels ne conviennent pas. Comment savoir si cette vidéo explicative correspond à la morphologie et au caractère de notre chien ? Convient-elle à notre propre niveau et à notre personnalité ? Comment réellement appliquer, sans erreur, les conseils donnés ? 

Sites internet, réseaux sociaux, blogs. Aujourd’hui, nous pouvons éduquer notre chien seul, mais encore faut-il tomber sur les bonnes ressources. Choisir le tutoriel non adapté, c’est risquer d’accumuler des petites erreurs qui bloqueront l’apprentissage par la suite. Ces quelques lignes explicatives ne prennent pas en compte l’état émotionnel d’un chien avant ou après une séance. Enfin, certains tricks ne sont pas adaptés à la morphologie, à l’âge ou à la condition physique de votre animal. Les tutoriels sont géniaux, mais encore faut-il acquérir les véritables bases pour savoir ensuite faire le tri entre le bon et le mauvais. 

 

Qui poste quoi ? 

Si tout le monde a facilement accès à de nombreuses informations grâce à son réseau wifi, il ne faut pas oublier que n’importe qui peut aussi poster. Que l’idée première soit de partager une passion en toute bienveillance, de faire des “vues” ou d’augmenter sa clientèle sur le net, tous les créateurs de contenu ne sont pas des professionnels. Savoir parler français est une chose, savoir l’enseigner en est une autre. L’apprentissage chez le chien implique de nombreux rouages on ne pense pas toujours : les besoins de l’animal, son état émotionnel du moment, ses capacités physiques. On se doute bien qu’avec un chihuahua, il faut adapter la taille de l’haltère, exhibée sur la vidéo de Brutus le doberman… Mais pour l’intensité de l’exercice entre un lévrier conditionné et un bouledogue sédentaire, c’est plus difficile. 

Certains conseils peuvent aussi être erronés comme “répétez la commande si le chien ne réussit pas”. Impossible, en trois minutes, de détailler chaque étape, pourtant nécessaire à l’apprentissage. Si toutou ne sait pas proprement porter un objet, sans mâchouiller, il ne vous fera jamais le trick du burrito, de quoi penser que vous êtes un incapable, alors que c’est faux. La position des mains, l’environnement, le type de friandises. Tout est important pour la réussite d’un trick. 

 

Apprendre avec un chien trop doué

Souvent filmées avec des chiens déjà entraînés et des humains dotés des bons réflexes, les vidéos ne laissent transparaître aucune difficulté. En plus d’être simplifiés pour ne pas durer 10 minutes chacun, les tutoriels montrent des chiens toujours en situation de réussite. Si le vôtre échoue, impossible de trouver la solution. Sur l’exemple, Fido prend parfaitement la cuillère en métal dans sa gueule, mais chez vous, Sultan le refuse obstinément. Rares sont les tutoriels qui vous montrent des étapes “au cas où” si votre chien déteste le métal. Impossible pour les créateurs de contenu d’anticiper les problèmes que rencontrent les autres apprenants canins, là où un professionnel qui a vu défiler des dizaines de profils s’y attend. 

Du chien excité, au grand sensible en passant par le démotivé de service, l’expérience accumulée d’un pro lui permet de s’adapter à votre duo. Chez Cynotopia, nous avons pour philosophie de filmer nos cours avec de vrais débutants, appartenant à des particuliers. Nous vous montrons ainsi, en direct, les véritables erreurs que ces derniers commettent, et de vous enseigner comment y remédier. Voir un tuto où Sultan réussit tout ce qu’il entreprend avec une facilité déconcertante est frustrant et n’enseigne pas grand chose. Le plus intéressant, c’est de suivre une vraie évolution, avec les embûches que le chien rencontre sur son chemin

 

Trop de généralisation pour des êtres vivants

Parmi les nombreux tutoriels disponibles sur les différentes plateformes, les mêmes conseils reviennent souvent. C’est très généraliste, et pour 5 minutes maximum de vidéos souvent bénévoles, c’est tout à fait compréhensible. Malheureusement, tout comme chaque professionnel doit s’adapter au profil du chien qu’il rééduque, l’entraîneur doit prendre en compte les spécificités de son élève en tricks. Une séance sur la main-cible diffère totalement selon si le chien est un excité du bocal ou un mou du bulbe. Dans le premier cas, on pose un cadre tranquille, l’humain félicite sereinement et doucement, tandis que dans le second, il explose de joie à chaque mini réussite. chien.

Un expert en leurre, peut échouer là où un chien monté au shaping réussit brillamment, et inversement. L’un est habitué à suivre la main sans se poser de question, l’autre est entraîné à réfléchir, à proposer sans cesse. Ils ne vont pas réagir de la même manière ni avoir des problématiques semblables. 

Si ces tutoriels donnent d’excellentes techniques théoriques, encore faut-il pouvoir les appliquer sur notre chien. Certains petits génies sautent les étapes avec une facilité étonnante, là où leur petit camarade a besoin de cinq étapes supplémentaires. Aucun n’est meilleur, ils ont simplement des points forts et des points faibles. 

 

Chaque chien est unique : comprendre les différences individuelles 

Chaque toutou (et c’est ce qui fait leur charme) a sa propre sensibilité, certains apprennent naturellement vite, n’importe où, tandis que d’autres ont besoin de temps ou d’être rassurés. Je n’ai jamais pu enseigner à mon lévrier à me sauter sur les genoux, et j’ai dû le désensibiliser pour passer au-dessus de lui quand il est couché. En revanche, ma border collie sourde se jette en arrière dans mes bras sans se poser de question. 

Selon son passé, sa personnalité et ses expériences, tous réagissent différemment face à l’environnement. Fido peut apprendre un tricks et le répéter sans erreur en 5 minutes, mais ne jamais réussir à travailler en extérieur. Rex, lui semble déterminé à faire la grève. Il n’apprend rien et se contente de regarder son propriétaire d’un air morne. En réalité, il n’a peut-être jamais été suffisamment renforcé, ou avec les mauvais éléments. Si vous détestez les brocolis, je doute que ces derniers vous motivent un jour. Certains chiens préfèrent la nourriture, d’autres le jeu, les derniers favorisent l’interaction sociale. 

Apprendre un tricks, ce n’est pas seulement s’installer sur un tapis et faire “comme dans la vidéo”. Il faut préparer mentalement et physiquement le chien. On doit respecter son endurance, adapter chaque séance à ses capacités et à sa sensibilité. Juste suivre un tuto, c’est risquer de passer outre et de le dégoûter de la discipline

L’erreur humaine : les détails ignorés par les tutoriels en ligne

Autre petit paramètre souvent ignoré et qui peut blesser l’égo : l’erreur humaine. Les tutoriels ont beau expliquer les étapes d’apprentissage du chien, ils omettent souvent de détailler le rôle de l’humain. En Espagne, n’ayant aucun professionnel à portée de main, j’ai beaucoup appris en autodidacte, mais incapable de choisir les bons tutoriels, sans base solide, j’ai commis des erreurs. 

Résultat : mon lévrier a de nombreux mouvements erratiques de la tête, il est brouillon, propose plusieurs tricks à la fois ou en réalisait mal certains. La majorité du temps, le problème venait de moi. J’avais accepté qu’il mordille ma main au lieu d’appuyer son museau dessus… Tous les tricks qui se basent sur cet apprentissage s’en trouvaient affectés. Heureusement, un coaching en ligne avec une spécialiste m’a aidée à régler le souci, là où aucun tutoriel n’a pu le faire. J’ai non seulement récupéré un “touche” propre et sur la durée, mais j’ai appris des mécaniques intéressantes, applicables pour les futurs tricks

Récompenser un coucher entre les pattes, quand les coudes sont bien posés, avoir une attitude calme, des signaux clairs est d’une importance capitale. Fido ne comprend pas “l’humain”, il a donc besoin que l’on aide en étant extrêmement précis. Le moment et la manière dont nous récompensons sont des clés que les tutoriels ne mentionnent pas. Ces menus détails s’accumulent silencieusement pour mieux vous freiner par la suite, et impossible de savoir la cause des nouvelles difficultés. Toutou devient brouillon, se démotive, ne comprend pas tel ou tel trick ? Si les bases ne sont pas solides, le château s’effondre. Regarder sur le net, c’est fantastique, beaucoup de tutoriels sont très bien faits, mais ils sont adaptés à des gens qui connaissent déjà les mécanismes d’apprentissage du chien. 

 

Les risques des tutoriels non-adaptés pour le chien

Vous l’aurez compris, sur le net, nous trouvons du bon et du moins bon. Avec des fondations adaptées, longuement développées dans un cours en ligne spécialisé, nous pouvons démêler les techniques adéquates des inepties. Comprendre un mécanisme, c’est ensuite l’arranger, le personnaliser pour qu’il colle parfaitement à votre duo. L’affaire est rentable : en plus d’éviter les erreurs qui perturberaient l’apprentissage de votre chien, vous adaptez plein de connaissances gratuites ou payantes. Plus important encore, vous préservez le bien-être physique et mental de votre loulou. 

En effet, il existe autant de morphologies et de personnalités qu’il n’y a de chiens. Si votre lévrier refuse de rouler, à l’instar de Jack le labrador qui a appris ce tour en dix secondes, c’est une simple question de physique. Sans graisse pour le protéger, les canidés de ce type ont beaucoup de mal à accepter d’exécuter le « roule », « fais le mort » voire le coucher sur un sol dur. Soit on adapte, soit on y renonce. Pire encore, si beaucoup de tutoriels font aujourd’hui dans la prévention (merci à ces créateurs !) d’autres l’oublient. 

Un chien ne doit pas faire de sauts avant ses 1 an et demi (et encore cela dépend des races). Afin de préserver un chiot, il faut éviter de lui apprendre “Rampe”. Enfin, le fameux « fais le beau » réclame de solides bases en proprioception  et une bonne musculature pour ne pas être délétère. Tous les apprentissages ne sont pas adaptables à n’importe qui, et, encore une fois, c’est là qu’un cours en ligne ou une conférence peut vous permettre d’éviter de graves erreurs. Une fois que vous savez quel type de tricks ne sont pas conseillés à telle morphologie ou à tel âge, vous pouvez décider sereinement quels tutoriels suivre ou non. 

S’adonner à une activité avec son chien, c’est s’assurer que votre duo prenne du plaisir en toute sécurité. Les tricks sont un art plus compliqué qu’on ne le pense. Beaucoup réclament une bonne préparation physique et mentale, sans oublier une excellente précision. Avant de se lancer à corps perdu, de perdre de longues semaines d’apprentissage avec et de vous retrouver bloqués avec un chien démotivé, trop excité voire blessé, apprenez comment travailler.