Mon chien refuse de travailler dehors

Vous bavez devant ce Border Collie exécutant parfaitement ses tours en plein centre-ville ? Le vôtre connaît aussi plein de commandes sympas, mais à l’extérieur, il oublie jusqu’à son “assis”. Il s’excite, s’impatiente, n’écoute pas, voire même vous tourne le dos et s’en va. Quand on apprend quelque chose à son chien, on suppose qu’il saura le faire partout, sans penser à l’environnement. Alors comment transposer les apprentissages acquis dans un terrain connu, à un “dehors” rempli d’odeurs, de bruits et de mouvements ? 

Fido a besoin du même entraînement empirique pour passer de votre salon à des démonstrations sur scène. Chaque loulou étant différent, il faut d’abord comprendre quels sont ses “points faibles”, puis les travailler. Comblez cet apparent manque d’attention avec des jeux ludiques de connexion et d’autocontrôles. Enfin, l’observation, la gestion de l’environnement vous permettront d’avoir un chien prêt à exécuter n’importe quelle commande n’importe où, n’importe quand.

 

Déceler la source du problème

Assis, couché, donne la patte : ces comportements ne sont pas naturels pour le chien. À la maison, en général, il les applique avec joie contre une récompense. À l’extérieur, cependant, certains oublient la croquette et préfèrent pister le chevreuil. Il faut alors se demander pourquoi Médor préfère ce divertissement à la nourriture. Nos chers poilus ne sont-ils pas censés être des ventres sur pattes, après tout ? 

Le fait est que notre poilu est un opportuniste de nature. Il choisit l’alternative qui l’intéresse le plus. On comprend facilement que creuser l’attire davantage que de tenir un “pas bouger”.  Il faut donc convaincre le cerveau de notre partenaire que travailler avec nous est la meilleure des options, celle qui rapporte le plus. Voici une liste des facteurs qui poussent Fido à vous ignorer lorsque vous lui demandez de travailler en extérieur. 

 

 

Une jauge pas assez remplie

Les besoins fondamentaux du chien se décomposent en trois jauges principales qu’il faut veiller à remplir avant de lui demander quoi que ce soit. Tout comme vous avez besoin de votre café le matin, Médor a son rituel de mise en route. Avant d’exiger le moindre assis, Fido a-t-il bien vidé sa vessie ? S’est-t-il assez dépensé physiquement et mentalement et a-t-il suffisamment pu partager de moments avec ses copains ? (Même si ce besoin n’entre pas en compte quand on parle de chiens réactifs). 

Un loulou dont les pattes fourmillent préfère courir les brins d’herbes plutôt que de se coucher, il sera davantage intéressé par les odeurs s’il n’a pas eu le temps de “consulter ses mails” avant. Cette étape pré-travail est très importante, donnez-lui de la liberté avant d’exiger le moindre effort de concentration.

 

Un SMIC ne suffit pas

Quand un chien travaille avec nous, il renonce à beaucoup de possibilités : renifler, courir, jouer avec les copains. La récompense doit être à la hauteur de la faveur qu’il nous fait. Ses croquettes l’attendent le soir, dans la gamelle, pourquoi faire l’effort ? En revanche, si votre toutou est gourmand, il ne boudera pas autant de bonnes friandises humides qui sentent fort. Quand vous êtes sur un projet particulièrement compliqué, vous espérez avoir une prime, c’est pareil pour Fido. Bosser en extérieur, faire fi de toutes les distractions, ça mérite bien un assortiment de récompenses de grande valeur. 

Selon l’endroit et le moment, dosez savamment les friandises que vous proposez. En quantité comme en qualité, ne soyez ni trop généreux, ni trop avare selon la situation. Un exercice facile dans le salon équivaut à une croquette. En revanche, un trick difficile dans le jardin peut valoir plus, et pour un travail exigeant beaucoup de concentration dans un lieu bondé, on sort le jackpot. La quantité et la qualité sont deux facteurs complémentaires qui permettent à Toutou d’être valorisé pour son effort. Il ne voudra certainement plus rater cette occasion, et vous l’aurez à votre pied en plein marché de noël. 

À contrario, si vous offrez dix dés de jambon à Rex pour un coucher dans votre salon, dur dur de trouver mieux dehors. Votre gournet risque d’exiger du caviar pour une suite en laisse dans le quartier désert.

Certains chiens ne sont pas spécialement gourmands, dans ce cas, faites attention à ne pas trop les nourrir avant de travailler. Le matin, vous pouvez prélever une partie de la ration et la mettre dans votre pochette. Distribuez-la pendant les sessions de travail (des croquettes à la maison, des friandises de haute valeur dehors), puis donnez ce qui reste dans la gamelle le soir. 

 

La bonne monnaie

Assurez-vous que votre loulou aime réellement ce que vous lui offrez. La majeure partie des gens comprend désormais qu’une caresse n’est pas une récompense suffisante pour la majorité des chiens. Pour la nourriture, c’est un peu la même idée. Si certains raffolent du fromage, d’autres préfèrent le bœuf ou le canard. Chaque papille à ses préférences (vous pouvez même préparer facilement vos friandises avec nos recettes !). Établissez une liste, de la fade croquette au plus savoureux des mets afin de garder ce dernier pour les occasions très spéciales. Mais avant cela, assurez-vous que votre meilleur ami est assez gourmand pour valoriser vos friandises achetés rubis sur ongle.

S’il est vrai que de nombreux chiens favorisent la voie du ventre, d’autres préfèrent le jeu ou encore la récompense sociale. Lors de petites sessions de travail chez vous, testez son enthousiasme. Est-il plus dynamique avec un tug ? Regarde-t-il la balle avec mépris en attendant que la friandise tombe ? “Malheureusement”, c’est le chien qui choisit la monnaie avec laquelle il veut être payé. Soyez attentif à son attitude, il vous dévoilera alors ce qui le fait craquer. 

 

Le rôle du binôme

Aucun chien n’a signé pour travailler avec un robot. Un distributeur sans âme qui tend la friandise, avec un “c’est bien” murmuré du bout des lèvres risque d’ennuyer votre partenaire. Et oui, une fois son estomac comblé, qu’est-ce qui le retient d’aller voir ailleurs ? Ces odeurs sont plus vivantes que votre voix d’endormi. Alors même s’il est parfois difficile de s’enthousiasmer à chaque réussite, que s’exclamer et jouer draine beaucoup d’énergie : faites-le. Quitte à paraître ridicule aux yeux des passants, montrez à votre champion que c’est lui le meilleur, le plus intelligent et que vous êtes fier de lui. Si vous appréciez avoir un compliment chaleureux de votre patron, plutôt que de vous contenter d’une liasse de billets froidement tendue en fin de mois, vous comprendrez. 

En parallèle, faites plusieurs petits jeux de relation et de connexion (50 exercices de ce genre vous attendent dans notre formation Mission Rappel) Non seulement Fido apprend à résister aux tentations, mais vous lui montrez aussi que vous êtes le plus génial des binômes : amusant, généreux et valorisant pour lui. 

Comme vous devenez intéressant aux yeux de Médor, son objectif ne se cantonne plus à gagner sa friandise. Il apprécie votre engouement et le recherche. Petit à petit, le bonbon perd en valeur, tandis que votre avis compte davantage. Si vous n’êtes pas pressé et ne sautez pas d’étapes, soyez certains que bientôt, votre loulou travaillera pour vous (même si ça ne vous empêchera pas de le récompenser de temps à autre).

 

Le bon endroit, au bon moment

Ce dernier point est sûrement le facteur le plus influent dans les échecs. On ne demande pas à un chien de passer du salon à un faire un show dans le stade de France. Il y a trop de stimulus, positifs ou négatifs selon la personnalité du concerné. 

Avant de se mettre à travailler, il faut donc observer votre meilleur ami, noter ses vertus et ses fragilités. Certains pourront faire des tricks au marché de noël dès le début parce que les humains ne les intéressent pas. En revanche, impossible de travailler dans un champ désert à cause des odeurs. Dressez une liste des distractions les plus tentantes pour votre chien : si ce sont les enfants, vous irez au parc à la fin de votre entraînement, si ce sont les chiens, fuyez le club canin au début. 

 

Des bases solides

Débutez dans votre salon, si possible fade, dénué de tout intérêt, y compris les autres animaux de la famille. Assurez-vous que votre chien connaisse très bien les tricks que vous souhaitez travailler dehors. Pour décider qu’un chien est prêt pour l’étape suivante, il doit réussir l’exercice dix fois de suite sans aucune hésitation. Bien sûr, vous pouvez diluer “l’examen” sur plusieurs sessions. 

Armé de vos jeux de relation, rendez-vous dans votre jardin ou une impasse aussi ennuyeuse que possible. Lors de très courtes sessions, connectez votre loulou. Motivez-le, demandez quelques tricks faciles avant de songer à augmenter la difficulté. Terminez la séance rapidement et soyez généreux sur les récompenses. Une fois notre fameux critère “10 fois réussi”, passez à des zones plus compliquées : un parking, une ruelle plus passante, un parc… 

Concernant les distractions, travaillez avec la distance en respectant la règle de la zone de confort. Si Fido ne peut pas détourner le regard de ce qui l’attire, vous êtes en zone rouge, inutile de chercher à travailler. Votre but est qu’il soit intéressé mais capable de décrocher afin de récompenser largement. N’oubliez pas de travailler spécifiquement en fonction de votre chien : s’il ignore naturellement les chevaux, nul besoin de passer par toutes ces étapes. En revanche, soyez très patient avec les distractions qui l’attirent le plus. Si c’est effectivement un travail parfois frustrant qui vous demande beaucoup d’efforts, ça l’est encore plus pour votre meilleur ami. Essayez de résister à un bon film pour aller à la salle de sport. Ça demande énormément de détermination et pas mal de récompenses à la clé. Attention, si votre chien a peur face à un stimuli, appelez un professionnel, et préférez travailler sa réactivité plutôt que des tours. Son bien-être passe avant tout !

 

Maintenant que vous comprenez pourquoi Rex ne semble pas vous écouter à l’extérieur, il ne vous reste plus qu’à appliquer ces étapes. N’oubliez jamais d’écouter votre chien, de lui laisser du temps pour ses balades qui n’appartiennent qu’à lui et surtout, amusez-vous ensemble !