7 étapes pour réussir en tant qu’éducateur canin

Du métier, on imagine des après-midi à dialoguer avec une clientèle passionnée, câliner des chiens aux yeux débordant d’amour, et un partage continu avec les collèges. Le site Wamiz affirme que le salaire varie de 1.000€ à 2.000€ pour un éducateur canin débutant. La plupart, à leur compte, sont formés en un week-end et obtiennent le minimum pour exercer : l’ACACED. 

Ce qu’on dit moins en revanche, c’est que la plupart des éducateurs galèrent à vivre de leur profession, et gardent un travail alimentaire pendant les cinq premières années. Une grosse partie abandonne au cours des trois premières années, fatales lorsqu’on est à son compte et sans revenu secondaire. Le constat est doux-amer. Si vous voulez être éducateur, c’est facile. Mais si vous voulez être un BON éducateur et persister dans le métier, alors il faudra vous accrocher. 

Cet article compte bien vous aider à réussir !

 

1. Confirmer que ce métier est fait pour vous

J’ai longtemps cherché le boulot qui me ferait vibrer. De palefrenier à institutrice en passant par vétérinaire, j’ai tout évalué, et fini dans une licence sur les métiers du livre. Là, j’ai appris une chose déprimante : il ne faut pas être bibliothécaire parce qu’on aime lire. Il faut l’être parce qu’on adore le contact avec le public. Ou alors il faut bien faire semblant lors des entretiens d’embauche. En tant qu’éducateur, c’est pareil – il ne suffit pas d’aimer les chiens. Personne ne paiera pour que vous caressiez des chiens. Il faut aimer l’humain, mais aussi être doué d’un bon esprit d’analyse et de synthèse pour comprendre une situation et tirer des conclusions. Il faut être curieux, lucide, mais surtout, surtout, doué d’une grande tolérance et d’une profonde bienveillance

Si vous faites ce job pour les chiens, et que vous partez chaque jour avec la conviction que vos clients sont de sombres abrutis, ce métier n’est pas fait pour vous. Vous ne devez pas juste trouver du plaisir à “sauver” des chiens, mais une grande joie à l’idée d’aider des humains en souffrance à se reconnecter à leur animal de compagnie. Il faudra laisser son jugement sur le pas de la porte, écouter, tolérer, puis soigner, pas à pas. 

Faites un stage si vous en avez l’occasion, pendant une semaine ou quinze jours. Si vous préférez les chiens aux humains, personne ne vous en voudra – mais il y a peut-être des jobs plus adaptés pour vous que celui d’éducateur.

 

2. Formez-vous auprès d’organismes certifiés

Pour devenir éducateur, il y a deux routes principales :  

  • choisir ce métier lorsqu’on est encore dans les études (collège, lycée) et opter pour un “Bac Pro éducateur canin” souvent dans une école agricole ;
  • ou se reconvertir quand on a quitté les bancs de l’école, et passer la certification obligatoire pour déclarer son activité : l’ACACED. 

Ces deux voies sont à la fois très similaires et différentes. Le bac pro forme ses élèves pendant deux ans, mêlant souvent théorie et pratique. L’ACACED (ancien CCAD) n’est qu’un week-end de formation soldé par un pauvre quizz. 

Le bac pro vous ouvre énormément de portes et de spécialisations (éducateur de chiens guides par exemple) alors que l’ACACED vise à former rapidement aussi bien des éleveurs que des éducateurs. Deux ans VS un week-end… On imagine aisément la divergence de formation. Mais c’est là que le bât blesse : les deux formations sont toutes deux souvent désuètes. Elles font la promotion de la théorie de la dominance, réfutée depuis plus de soixante ans, ou de méthodes éducatives brutales. Il faudra pourtant passer cette épreuve pour devenir éducateur “officiellement”. Concernant les compétences, c’est ailleurs qu’il faudra fouiner.

 

3. Suivez des formations indépendantes régulièrement

Qu’il s’agisse d’un cours sur le rappel, le medical training ou une spécialisation sur les chiens réactifs, toute connaissance moderne est bonne à prendre. Vous suivez déjà probablement certains éducateurs via les réseaux sociaux – ils proposent sûrement des formations diverses. Offrez-vous en une de temps en temps. Même si elles ne sont pas dédiées aux professionnels, vous ne perdez pas votre argent. Au mieux, vous découvrirez toute une nouvelle méthodologie. Au pire, ce seront quelques exercices que vous pourrez implémenter dans vos routines avec les clients. 

Élargir son point de vue est capital lorsqu’on veut rester à flot dans une profession qui évolue vite. Rester sur ses acquis, dans son terrain, en rabâchant les mêmes choses mène à la fermeture d’esprit. Et par voie de conséquence, à une vétusté des méthodes. Vous n’avez clairement pas envie d’être le portrait de notre article « 10 signes que votre éducateur canin est un charlatan« , pas vrai ?

 

 

4. Déclarez votre activité et lancez-là officiellement

Lancer son activité est un vrai parcours du combattant en France. Préparez-vous à être enfoui sous des dossiers et mille feuilles de papier. Si vous êtes phobique de l’électronique, c’est la même peine. En effet, la plupart des déclarations se font en ligne. Allez, bouclez votre ceinture, c’est parti pour un tour !

Voici les démarches administratives à suivre pour lancer officiellement son activité en tant qu’éducateur canin en France :

  1. Choisir un statut juridique pour votre entreprise. Les options les plus courantes sont l’auto-entrepreneur ou la société à responsabilité limitée (SARL). Nous vous conseillons la première qui a un statut simplifié et une compta plus légère.
  2. Obtenir un numéro SIRET / SIREN. Ces numéros permettent de créer votre entreprise et de l’enregistrer auprès des organismes officiels.
  3. Obtenir une assurance responsabilité civile professionnelle pour couvrir les risques liés à votre activité. Il est important de choisir une assurance adaptée à votre activité en tant qu’éducateur canin (vous ne voulez pas finir ruiné parce que Kiki a mordu Jean-Philippe).
  4. Obtenir un agrément sanitaire pour l’accueil des animaux (si vous voulez accueillir les chiens chez vous)
  5. S’enregistrer au registre du commerce et des sociétés (RCS) pour pouvoir utiliser une enseigne commerciale (ce n’est pas le cas de tout le monde).
  6. S’inscrire au centre de formalités des entreprises (CFE) pour obtenir un numéro d’identification fiscale (NIF) et pour s’affilier aux organismes de sécurité sociale.
  7. S’inscrire au régime social des indépendants (RSI) pour cotiser à la sécurité sociale et à la retraite en tant qu’auto-entrepreneur.
  8. Obtenir une immatriculation auprès de la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) si vous souhaitez exercer en tant qu’artisan (création de laisses, longes, colliers…)

 

Attention ! Ces étapes peuvent varier selon votre statut juridique et selon votre région. Il est donc conseillé de se renseigner auprès de votre chambre de commerce locale pour obtenir des informations plus précises sur les démarches administratives à suivre. Il peut également être utile de consulter un expert-comptable ou un avocat pour vous aider à lancer votre entreprise.

 

5. Investissez dans des outils de formation professionnelle 

Dispendieux, ces outils pourront vous aider à améliorer vos compétences, votre productivité, votre crédibilité et donc votre revenu à long terme. L’ennemi numéro un de l’indépendant ? La barrière des 3 ans ! Visez donc loin pour la pérennité.

La plupart des outils professionnels dans notre milieu sont des formations. À moins que vous ne désireriez acheter 50 colliers électriques (dans ce cas, que fichez-donc vous sur notre site ?) Le matériel n’est pas une grande source de préoccupation. 

Cherchez donc des stages et conférences, qui peuvent offrir une expérience pratique et un encadrement professionnel au contact de grands noms du domaine. Moins chers, partez en quête de livres (cette catégorie d’articles devrait vous guider) qui, à défaut de vous former, aiguiseront votre sens de l’analyse. 

 

 

6. Transformer votre passion en réussite

Toute la paperasse est faite ? Vous avez votre numéro de SIRET, votre assurance civile et probablement un ou deux comptes sur les réseaux sociaux ? Il est l’heure de vous faire connaître ! Il est évident que le bouche-à-oreille sera votre outil de communication numéro un pour débuter. Les clients satisfaits peuvent être votre meilleure source de publicité. Demandez leur de vous laisser des avis positifs sur votre site web ou sur les réseaux sociaux, et encouragez-les à parler de vous à leur famille et à leurs amis.

Par la suite, même si vous œuvrez uniquement en local, créez une présence en ligne. Sur votre site web, vous devriez inclure des informations sur vos services, vos tarifs, vos certifications et vos références. Sur les réseaux sociaux, vous pouvez partager des conseils sur l’éducation canine, des témoignages de clients satisfaits et des photos et vidéos de vous et de vos clients lors des séances d’entraînement.

 

7. Prenez en expérience avec vos premières heures de cours

Le concept de mentorat n’est pas commun en France et c’est bien dommage. Sans cela, la meilleure façon d’apprendre est de le faire sous l’égide d’un professionnel déjà bien installé. Faute de cela, il vous faudra vous lancer dans le bain seul. Vous verrez que vos premières séances vous laisseront ce goût de “c’est trop génial, j’y suis enfin !” mêlé à “je suis atroce, ils n’ont rien compris”. 

Au début, en cherchant à beaucoup aider, on en dit trop. Essayez de laisser à vos clients le temps d’assimiler chaque concept, chaque conseil, sans les étouffer de sollicitude. Soyez tolérants et patients, gardez en tête qu’ils veulent faire de votre mieux !

Votre mentalité idéale devrait être “Si mes clients doivent retenir une seule chose de cette séance, ça doit être” 

 

Pieds dans la boue et tête dans les nuages

L’orientation ou la réorientation professionnelle en tant qu’éducateur canin peut être un choix de carrière passionnant et enrichissant pour les personnes qui aiment les chiens. Cependant, il est important de se rappeler que devenir éducateur nécessite une formation professionnelle plus solide que l’ACACED. Si votre seule pratique se résume à vos chiens, la participation à des stages et une grosse étude sur le langage comportemental des chiens vous aideront à ne pas finir aussi tristement célèbre que Cesar Millan (pour son incompétence crasse à évoluer). Prétendre être en éducation positive ne marche pas bien longtemps, on les débusque vite.

Comptez la lourdeur des démarches administratives et des investissements financiers importants pour lancer une entreprise d’éducation canine…  Mais avec une communication efficace et une planification adéquate, il est possible de développer une activité prospère (même en 2023 !)

En somme, pour une orientation ou réorientation professionnelle en tant qu’éducateur canin, il faut être prêt à s’engager dans une formation continue, des investissements et une communication efficace pour en faire une réussite. Faites-vous accompagner pour réussir dans cette voie, et tachez de garder la même tolérance envers les humains qu’envers leurs chiens.