La grande supercherie des buzzers pour chiens

Les chiens parlants font le buzz sur les réseaux sociaux, et j’ai toujours éprouvé une grande curiosité face à cet apprentissage. L’utilisation de buzzers, boutons pré-enregistrés pour que les chiens puissent “parler” donne-t-elle de vrais résultats ? Il est plus facile pour nous, professionnels du chien, d’avoir du recul sur cette mode trop simplifiée par TikTok et ses milliers de chiens parlant couramment l’anglais. Là où le public voit un chien qui “dialogue”, nous voyons plus facilement les signaux de stress et les failles de l’apprentissage.

Avec ce point de vue d’éducatrice, il est difficile de croire que les chiens comprennent ce qu’il se passe lorsqu’ils appuient sur des buzzers. L’apprentissage étant mis en place avec des récompenses (sociales ou alimentaires), beaucoup de chiens ne font que chercher à déclencher ce distributeur à dopamine. Certes, des études ont montré qu’il était possible de mettre en place un langage verbal, mais la rigueur demandée n’est clairement pas celle qu’on observe sur la majorité des Tiktok qui tapent dans le million de vues. 

Le concept des buzzers

Pour ceux qui ne voient pas de quoi cet article parle, il est possible d’acheter des boutons (ou buzzers) enregistrables. On les associe à un mot comme : manger, sortir, papa, jouer, content, ami, etc… On apprend ensuite au chien à associer chaque bouton enregistrable à un concept. Manger signifie que tu vas avoir ta gamelle. Appuyer sur le bouton “je t’aime” déclenche de l’affection, celui disant “plage” équivaut à “je veux aller à la plage”. 

Rien de tel qu’une illustration pour éclairer votre lanterne :

Sur cette vidéo de @whataboutbunny, le chiot appuie successivement sur “Now” (“Maintenant / tout de suite”) 2x puis “Play” 3x (“Jouer”) ce que sa maîtresse interprète comme “tu veux jouer avec le chat ? Je ne pense pas qu’il soit d’accord”. 

Comme vous le constatez, il y a un grand travail de contextualisation et d’interprétation : avec le son maintenant + jouer, la traduction serait simplement “je veux jouer maintenant”. Mais les regards de Bunny vers de chat, ou sa proximité, font que l’interprétation dans la vidéo est “Tu veux jouer avec le chat”. 

Il n’y a factuellement pas de bonne ou de mauvaise réponse. 

Par contre il n’y a qu’une question : Bunny (et tous les autres animaux parlants) comprennent-ils ce qui se passe et si oui, traduisons-nous correctement ? 

Le cas de Hans, le cheval savant

Au début du XXe siècle, un cheval nommé Hans était capable de résoudre des problèmes mathématiques complexes en tapant du sabot. Cette aptitude étonnante avait été observée par son propriétaire, un professeur de mathématiques. Il avait rapidement attiré l’attention des médias, faisant de Hans une célébrité en Europe et aux États-Unis. Des scientifiques étaient venus observer ses performances, cherchant à comprendre les mécanismes à l’œuvre derrière cette prouesse. Beaucoup soupçonnaient une tricherie du professeur, ce qui fut facilement invalidé : même sans son propriétaire et avec des inconnus, Hans donnait toujours la réponse correcte. 

Cependant, avec le temps, un scientifique a mis en place une méthode différente pour tester Hans, en utilisant des intervenants qui eux, ne connaissaient pas la bonne réponse. Ces recherches ont démontré que Hans ne comprenait pas réellement les mathématiques, mais avait plutôt développé une habileté impressionnante pour lire les indices involontaires (mouvements, expressions au moment du coup de sabot décisif) donnés par les humains. 

Cette étude est depuis devenue un exemple classique de la reconnaissance des biais cognitifs dans la recherche scientifique. Voyons donc ensemble en quoi l’apprentissage avec des buzzers peut être truffé de ces biais. 

Partie 1 : Les multiples failles des chiens parlants 

Biais #1 : Méthodes d’apprentissage des buzzers : conditionnement opérant

À partir du moment où on a appris quelques tricks, on a une vague idée du conditionnement à mettre en place pour l’apprentissage des buzzers. On propose le bouton, le chien touche, on récompense. Cette boucle permet simplement d’apprendre au chien à interagir avec l’objet pour lui faire produire un son. Il n’y a aucun effort linguistique. 

Bien sûr, certains commencent avec le bouton “friandise” pour rentabiliser le temps d’apprentissage, au lieu de se concentrer sur l’action à apprendre au chien. On arrive donc très, très vite à un chien qui “réclame des friandises” … Alors qu’en réalité, il appuie simplement sur le bouton comme il le ferait avec n’importe quelle cible laissée à sa portée après un apprentissage opérant. 

Donc si on suppose que ce chien demande à chaque fois des friandises : 

Est-ce que ma chienne réclame ce que dit le bouton “frappe-moi” ? 

Ou est-ce que ce n’est pas parce qu’on a récompensé le comportement “appuie sur cet objet” que le chien le réitère ?

Biais 2 : Manquer d’association

Il est pourtant simple d’apprendre au chien l’association d’un son avec un événement. Nous l’avons tous fait ! Si vous parlez souvent à votre chien, il doit bondir jusqu’au plafond quand vous mentionnez “manger” ou “sortir”. Avec le temps, il a compris que ce son précis signifiait une action. Pour les miens, c’est “on va travailler ?” qui les fait débarquer en dérapage, peu importe leur endroit dans la maison. 

Les chiens PEUVENT comprendre. Il suffit de répéter assez souvent le schéma “mot + action”.

Un mot sans aucune signification en a pris une avec la routine : à force de souffler “attentionnn…” pendant le jeu, mon chien a compris que cela signifiait que j’allais jeter le jouet, ou lui demander autre chose. On le compare avec ce même mot, dans ce même contexte, avec un chien qui n’a pas encore associé les deux et la différence est marquante : 

En répétant ce schéma avec le buzzer “sortir” ou “nager” juste avant l’action, on peut aider le chien à associer le son avec un concept. Mais pour beaucoup, l’apprentissage du mot “nager” ou “randonner” se fait sans association directe : on appuie sur “plage” puis on prend la voiture, on roule 45min et on est à la plage. Où est l’association ?

Biais #3 : Associer des concepts non tangibles

Le gros problème dans l’utilisation des buzzers selon moi, c’est qu’en tant qu’humain, nous voulons très vite mettre des mots sur des concepts non associatifs.

Je pense au très populaire “love you” des américains. Comment associez-vous le concept d’amour avec un buzzer ? Vous parlez gentiment à votre chien, vous lui grattez la tête et lui faites des câlins ? Très bien. Quelle différence avec le bouton “câlins” alors ?

Suppositions que je ne parle pas la même langue que vous. Je conditionne le mot “Osling”. D’après la vidéo qui suit, quelle est votre interprétation du mot ?

De façon tangible, le chien peut comprendre :

  • gratter / caresser
  • gratter / caresser le cou spécifiquement
  • interactions sociales
  • Interactions verbales
  • Affection de manière générale
  • Approcher très près le téléphone de sa tête 

Nous, humains, pouvons dire “amour”, “affection” “amitié” mais comment associer ce mot à un concept inexplicable par association ? Pour moi, humain, je montre mon amour avec des gratouilles, ce que Ludie adore, surtout au niveau du cou. Un peu moins quand elle a un smartphone à 2cm de son nez. 

Est-ce qu’elle associe “Osling” avec “mon humain me donne de l’affection”, avec “je suis caressée” (sentiment positif) ou pire, avec “mon humain se penche sur moi avec son téléphone, c’est bizarre” (sentiment neutre, voire léger évitement) 

Biais #4 : Surinterpréter pour donner du sens

 Dans une vidéo vue précédemment, Bunny appuyait sur les boutons “Now, Now, Play, Play, Play” signifiant donc son envie de jouer. Sa propriétaire, avisant le chat à côté, a donc traduit par “je veux jouer avec le chat” ce qui laisse perplexe. La prise en compte des alentours fait partie de la contextualisation, mais nous savons que Bunny possède le bouton “chat”, pourquoi ne pas avoir tapé “cat want play” (chat – vouloir – jouer) ou “Bunny cat play” (Bunny – chat – jouer) ? 

Ici, Bunny utilise “dog cat want” soit : “chien, chat, vouloir”. Contrairement à la première fois, il y a la notion de “vouloir” et surtout la mention du chat. Cela pose la question : pourquoi supposer dans le premier cas que Bunny parle du chat puisqu’elle est capable de le nommer ? 

Et là, “Want Love you Hi” (“vouloir – je t’aime – coucou”) donne lieu à des caresses, alors que le bouton “gratouilles” existe. En outre, le “love you” est utilisé dans la majorité des interactions pour clore un échange, par exemple “yes – mom – friend – love you” traduit par la propriétaire par “oui, maman est une amie” et non pas “oui, maman est AVEC une amie” ou “oui, c’est l’amie DE maman”. 

Pour les anglophones, poussez sur ce sujet avec la passionnante analyse de @Yuvaltheterrible sur tiktok. Il a objectivement analysé des centaines de vidéos de Bunny en notant les boutons pressés, la traduction proposée par sa gardienne et pointe les failles de raisonnement. Son tiktok parle essentiellement des vidéos où Bunny raconte ses rêves. 

Biais #6 : de la mise en scène !

Ne nous leurrons pas, les vidéos où le chien va d’un bouton à un autre avec une coupe entre deux sont bien souvent mis en scène. Dans ce cas, le créateur est très au courant de sa magouille, mais les personnes regardant la vidéo ne s’en doutent pas une seconde. Cela contribue au folklore du chien savant, très conscient de son monde et de la société, prêt à tirer des réalisations philosophiques avec des concepts abstraits. 

A-t-on besoin de parler des chiens pourvus de buzzers permettant d’insulter leur humain, mis en scène dans un but humoristique et pris de façon littérale par +10 millions de personnes ?

Oui, cette vidéo a été vue par 80 millions de personnes et beaucoup trop l’ont pris au premier degré. 

Biais #5 : un chien qui parle c’est quand même vachement cool

Nous avons vraiment, vraiment envie de croire à ce concept de dialogue avec un chien. Nous voulons de tout notre cœur cette possibilité de casser la barrière entre nos espèces. En plus, les réseaux rendent ça tellement cool ! Est-ce que ce n’est pas trop drôle, ce chien qui s’interroge sur la vie ?

C’est métaphysique, c’est incroyable, c’est… le biais de confirmation.

Le biais de confirmation est un phénomène où nous cherchons et interprétons des informations de manière à confirmer nos croyances préexistantes. Cela peut nous amener à ignorer ou minimiser les informations qui contredisent nos convictions et à ne chercher que des preuves qui les renforcent, nuisant donc… À notre objectivité. 

Nous voulons y croire, alors inconsciemment, nous allons réunir tous les indices pour justifier nos convictions en omettant les points qui pourraient nous contredire.

Cela arrive bien sûr dans l’autre sens : en écrivant un article où je mets en doute les compétences de Bunny et des chiens parlants, je dois m’efforcer de trouver des contre-arguments qui me donnent tort afin de ne pas tomber dans un biais de négativité. C’est ce que nous allons aborder juste après !

Partie 2 : Si la recherche était de leur côté, finalement ?

Les recherches de Christina Hunger et « How Stella Learned to Talk »

Comment écrire un article sur les chiens parlant avec des buzzers sans évoquer Christina Hunger ? Orthophoniste passionnée, Christina a consacré une grande partie de sa carrière à la communication et au langage. Pionnière en la matière, elle s’est inspirée des enfants qu’elle suivait dans son métier pour développer la méthode d’apprentissage des buzzers. Son chien, Stella, est devenu le premier exemple de réussite de cette approche. À travers un entraînement régulier et adapté, Stella a réussi à maîtriser l’utilisation de plusieurs buzzers pour exprimer ses besoins, ses désirs et même certains états émotionnels. On retrouve des vidéos sur Facebook de la très jeune chienne, appuyant sur un bouton pour demander à sortir afin d’uriner. 

Les recherches de Hunger ont conduit à la publication de son livre, « How Stella Learned to Talk », dans lequel elle détaille les méthodes et techniques qu’elle a utilisées pour enseigner à Stella comment communiquer avec des buzzers. Un livre pavé d’expériences et d’exemples d’enfants mais aussi de chiens, qui ouvrent notre vision sur un champ des possibles. Dans la partie entraînement, elle explique que la clé de l’apprentissage est la patience, la répétition et l’adaptation de la méthode aux besoins et aux capacités spécifiques de chaque chien

Suite au succès des recherches de Hunger, la société FluentPet a développé un système de buzzers afin de les commercialiser au grand public. L’entreprise collabore étroitement avec Hunger for Words, l’initiative de l’auteure, pour promouvoir cette méthode innovante de communication. Le système FluentPet utilise des buzzers personnalisables et modulables pour enseigner aux chiens un large éventail de mots et de concepts. 

Une méthodologie inspirée d’un outil de communication pour non-verbaux

Le système PECS (Picture Exchange Communication System) est une méthode de communication alternative et augmentative (AAC) conçue pour aider les personnes autistes et celles ayant des troubles de la communication à exprimer leurs besoins, leurs désirs et leurs émotions. Cette approche utilise des images pour faciliter la communication entre la personne autiste et son interlocuteur. L’objectif principal du PECS est de permettre aux individus de surmonter les obstacles à la communication verbale en utilisant un moyen visuel et concret pour exprimer leurs pensées. Très efficace, le PECS permet aux personnes peu ou pas verbales de développer un langage fonctionnel et de mieux comprendre les conventions sociales.

Des parallèles intéressants peuvent être établis entre nos toutous presseurs de buzzers et l’utilisation du PECS. Tout comme les personnes non-verbales peuvent utiliser des images pour communiquer, les chiens peuvent apprendre à utiliser des boutons pour exprimer leurs besoins et leurs émotions. Les deux méthodes reposent sur la répétition, le renforcement positif et l’adaptation des techniques d’apprentissage pour répondre aux besoins et aux capacités spécifiques de l’individu. 

Les principes fondamentaux de ces méthodes, tels que la simplification de la communication, l’utilisation de signaux clairs et la prise en compte des compétences et des motivations de l’apprenant, peuvent être appliqués aux deux domaines pour obtenir des résultats optimaux. Avec une prise en charge correcte, des chiens semblent réellement comprendre chaque concept associé à un buzzer. 

L’exemple d’interprétation qui a fait basculer ma façon de voir les choses

Le livre de Hunger m’a littéralement ouvert les yeux sur l’AAC. Jusqu’alors, je croyais que les buzzers étaient réservés aux chiens pour une mode passagère bien que fort lucrative. J’ignorais leur usage (sous la forme de tablette numérique) pour les enfants non verbaux. Or, Christina ouvre son livre avec une anecdote. Elle raconte qu’elle avait appris à un petit garçon comment utiliser sa tablette, et qu’elle avait, au prix de beaucoup d’efforts, réussi à créer une grande confiance entre elle et l’enfant, ce qui permettait de gros progrès lors de leurs séances. Un jour, l’enfant appuie sur le mot “riz”. Elle essaie de lui proposer ce qui lui semble logique : il a mangé du riz ? Ou il veut manger du riz plus tard ? Aime-t-il le riz ? L’enfant s’impatiente de ne pas la voir comprendre. Au fil des séances, il appuie toujours sur le bouton “riz” et elle multiplie les essais : jeux sensoriels avec du riz, textures similaires, dialogues avec les parents… Leur relation se dégrade pendant des semaines, les crises sont explosives. Elle n’a plus qu’une séance avant que les parents ne cherchent un autre orthophoniste.

En cherchant dans ses placards à la recherche d’un objet, son regard tombe sur un fauteuil… Et alors tout se met en place. C’est un “bean bag”, un fauteuil rempli de billes en polystyrène, que l’enfant avait identifié comme du riz. C’est ce qu’il demandait depuis le début, mais faute de bouton “fauteuil” il avait opté pour la description qui lui semblait la plus logique. Étant hors d’accès, il n’avait pas pu le pointer non plus. Pendant leur dernière séance, elle emmène l’enfant dans la pièce avec le fauteuil, et ce fut la joie et les larmes. Elle avait enfin compris.

Cet exemple me semble retentissant pour développer le concept d’interprétation. En utilisant les buzzers avec son chien, l’humain DOIT interpréter pour lier deux termes ensemble. “Pluie pluie pluie” pourrait signifier “mer” ou “océan” si le bouton n’existe pas… Ou l’agacement du chien à ne pas pouvoir sortir. 

Problème, c’est un écueil sur lequel trop s’écrasent. Il est très facile de lier la pression d’un bouton avec ce que nous supposons être la pensée du chien, et transformer le “mom – friend – love you” en “maman est une amie, je l’aime” ou “maman a une amie, je t’aime maman” ou carrément “maman, ton amie t’aime, demande là en mariage, j’apporte les petits fours”. 

How Stella Learned to Talk

Défis et limites d’un apprentissage avec des buzzers

Tous les malinois ne font pas d’obéissance à haut niveau et tous les border collies ne connaissent pas le nom de 100 jouets. A partir de ce constat, impossible d’attendre de TOUS les chiens les mêmes résultats que Stella. Le rythme d’apprentissage et la motivation sont les grands éléments qui influeront sur la capacité du chien à associer une action avec un son pré-enregistré. De même, il faudra à l’humain beaucoup de patience et de ténacité pour associer ne serait-ce que le premier mot. Hunger le narre très bien dans son livre, l’apprentissage avec Stella fut très décourageant, il fallut attendre plusieurs mois avant le “déclic” et il y eut beaucoup de rechutes.

Cela confirme le fait que sur la centaine de “chiens parlants” de tiktok, en réalité 1 ou 2 ont sans doute réellement été jusqu’au bout du processus. 

Il est donc crucial de tenir compte des limites inhérentes à ce protocole en termes de complexité et de nuances dans la communication. Bien que les chiens puissent apprendre à utiliser les buzzers pour exprimer un certain nombre de mots et de concepts, leur capacité à comprendre et à utiliser des structures linguistiques complexes, telles que la grammaire et la syntaxe, reste limitée. Par conséquent, il est capital de modérer les attentes concernant la profondeur et la sophistication de la communication canine avec les buzzers. 

(Est-ce que je pense aux rêves racontés par Bunny, ou sa réflexion “Why Dog Why” ? … Oui.) 

Conclusion

Domaine en pleine expansion, la communication avec les buzzers n’est pas au bout de ses découvertes. Heureusement appuyée par la science, sa mise en lumière pourrait également faire progresser l’AAC et toutes les techniques permettant d’aider les personnes avec des soucis liés à la communication. 

Cependant, il est important de reconnaître que ces boutons parlants ne remplaceront jamais notre façon millénaire d’interagir avec nos chiens. Les chiens entre eux ne doivent surtout pas cesser de communiquer avec leurs postures, leurs mimiques et leurs expressions, au risque de se dénaturer. Il est donc essentiel de ne pas négliger ces aspects de la communication lors de l’enseignement de la parole avec des buzzers, et d’offrir continuellement des moments où le chien, même savant, peut se comporter comme un chien. 

Bibliographie

  1. How Stella Learned to Talk (2021)
  2. Social looking in the domestic dog (2014)
  3. African elephants can use human pointing cues to find hidden food (2013) 
  4. Border collie comprehends object names as verbal referents (2011)
  5. Word learning in a domestic dog: Evidence for « fast mapping” (2004)
  6. Social complexity and transitive inference in corvids (2003)
  7. The Picture Exchange Communication System training manual (2002)
  8. FluentPet: The science-backed system for teaching dogs to talk.
  9. Hunger for Words: Communicating with Stella.
  10. They Can Talk: A Community for Teaching Dogs to Talk.

8 réflexions au sujet de “La grande supercherie des buzzers pour chiens”

  1. J’utilise 4 buzzer pour ma chienne, mais le mot elle ne le comprend pas forcément (à cause de la qualité du son), en revanche l’emplacement du buzzer fait la différence. D’ailleurs elle n’hésite pas à buzzer sur un pot de yaourt retourné s’il se trouve proche de l’endroit du buzzer haha. Et je n’ai aucune phrase / aucun concept, juste « sortir », « à table », « de l’eau », « câlin », donc des associations très faciles et immédiates ! c’est surtout le « sortir » qui m’a été très utile pour l’apprentissage de la propreté. Elle a dès le début compris que c’était plus sympa dehors, mais elle ne savait pas comment demander. Bien sûr, en restant attentive, je pouvais voir quand elle commençait à tourner et exprimer son besoin, mais parfois je n’étais pas concentrée sur elle (télétravail) donc plusieurs loupés par ma faute. Au moins avec le buzzer, je ne pouvais pas louper l’expression du besoin ! ça aurait fonctionné exactement pareil avec une clochette ou n’importe quoi d’autre.
    Le reste, c’est du bonus ! pour le « à table », j’aime bien ne pas nourrir à heure fixe, la laisser éventuellement dormir, mastiquer ou autre avant de la nourrir si elle le souhaite, donc la laisser demander quand elle veut son repas me convient (parce que chien pas ultra gourmand). « De l’eau » c’est pratique pour savoir quand la gamelle est vide ^^ et « câlins », je n’aurais clairement pas du lui apprendre celui là, d’une parce qu’elle n’a pas besoin de ça pour savoir réclamer (le pif qui me soulève la main, je comprends le message), et en plus parce que c’est gênant d’entendre « câlin câlin câlin câlin câlin câlin câlin câlin câlin » quand t’es en call haha !

    Répondre
  2. Bonjour, merci pour votre article ))
    utilisant des boutons avec mon chat depuis ses 1 an, j’ai lu attentivement votre article.

    Je suis toute à fait d’accord sur les biais de confirmation affectifs et les interprétations de beaucoup de propriétaires (et surement que j’en fait partie).
    De même pour les mises en scène vues sur de nombreuses vidéos à la mode. Ces supercheries n’aident pas les personnes qui souhaitent vivre l’expérience sérieusement.

    Coté méthode, il ne faut absolument pas commencer avec des friandises, ou un bouton « nourriture », cela casse complètement l’apprentissage de l’animal qui n’y voit qu’un déclencheur à récompenses…
    Il faut plutôt deux boutons de départ, comme « jouer » et « caresses »… Ainsi l’animal voit que chaque bouton a un effet différent et constant… Ensuite, une fois cela intégré, on peut ajouter doucement des possibilités si l’animal semble apprécier leur utilisation.

    L’animal peut aussi s’approprier des concepts différents de ce que nous pensions lui apprendre. Chez nous, notre chat utilise « byebye » pur dire qu’il s’ennuie. Avec un peu de logique nous avons saisi après quelques semaines d’incompréhension… Byebye signifiait notre départ de la maison et quand il se retrouvait seul… Alors pour lui, le presser en notre présence, mais quand nous sommes occupés en télétravail, c’est signifier un sentiment d’ennui, et de solitude.
    Une fois cette traduction imaginé, nous avons observé plusieurs semaines si notre chat appuyait effectivement dans des moments inoccupation (souvent après plusieurs heures sans attention de notre part).
    Nous en avons conclu avoir trouvé la raison de ses « byebye » mystère en notre présence (à moins qu’il ne veuille nous mettre à la porte!)…
    Il faut toujours se remettre en question et rien n’est jamais certain !

    Pareil pour certains concepts comme « maintenant » et « plus tard » peuvent parfaitement être interprété comme un « oui » et « non ».
    Le facteur « temps » est complexe, mais très utile pour de nombreux autistes à travailler.

    Voilà,.. quelques anecdotes d’une pratiquante et son apprenant. ))

    Merci encore pour l’article, même si le titre est un peu dur pour celleux qui essaient de pratiquer la méthode et l’expérience correctement !))

    Tig.

    Répondre
    • Bonjour,

      Je débute avec deux boutons différents de « nourriture » avec mon chat.
      Je n’ai pas voulu mettre de la nourriture sous un verre, attendre que le chat tape le verre puis remplacer par un bouton sous le verre car je ne veux pas dresser mon chat ni l’amener à utiliser des boutons s’il ne veut finalement pas les utiliser et donc rentrer dans une relation inauthentique.
      J’applique pour le moment l’étape de modélisation où j’associe l’action du bouton au bouton appuyé avant et après l’action. Il regarde les boutons par moment mais ne tape pas. Je suis prête à attendre six mois avant que quelque chose se passe et si ça ne se passe pas, tant pis.
      J’ai vu qu’apparemment le chat Flint a eu besoin de juste l’étape de modélisation.

      Comment avez-vous fait vous ?

      Merci.

      Répondre
  3. Les enfants handicapés s’expriment aussi très bien sans les boutons, avec le regard, les gestes et parfois des vocalisent… suggérez vous également que pour eux cela ne sert à rien? Mon cochon exprime ce qu’il souhaite avec des boutons et j’en suis ravie. Personne ne dit que les chient parlent, c’est juste que c’est un moyen de se comprendre vite et bien. Je suis atterrée par votre article. Dommage que vous priviez vos animaux de ce potentiel.

    Répondre
  4. Merci pour votre article.
    J’hésitais à acheter ces buzzers pour mon Jack Russel.
    Après avoir lu votre article et un peu pris la peine de réfléchir, je me suis rendu compte que mon chien s’exprime très bien sans cela. Il est capable de me faire comprendre ce dont il a vraiment besoin et, je pense que c’est important, je suis capable de le comprendre.
    Ses mimiques, l’endroit où il se place mais surtout son regard, c’est avec ce language là qu’on communique ensemble.
    Je ne vais finalement pas acheter de buzzer

    Répondre
    • C’est juste un moyen en plus de communiquer, pas quelque chose qui vient remplacer tout le reste.
      D’ailleurs vous seriez étonné de voir combien un animal qui utilise les boutons agit également au niveau du regard et avec son expression corporelle.

      Répondre

Laisser un commentaire