Ce qu’il faut savoir avant d’ajouter un chien de plus au foyer

Il existe bien des raisons pour adopter un chien de plus :  un nouvel ami à aimer, un compagnon de jeu pour Fido, un futur champion d’agility. Toutes sont valables tant que l’animal est pris en considération (Votre future étoile ne sera pas qu’une bête de podium). Tandis que le projet d’accueil mûrit, les questions habituelles surgissent à l’esprit : aura-t-on les moyens financiers et le temps nécessaire pour s’occuper d’un nouvel animal ? C’est un bon début, mais chez Cynotopia nous avons décidé de pousser la réflexion plus loin. Au-delà de ces bases responsables, ce chien peut apporter plus de chamboulements qu’on pourrait le croire. Avant de vraiment se lancer, dressons une liste détaillée de points positifs et négatifs sur l’intégration d’un nouveau chien. 

 

Les points positifs pour ajouter un 2ème, 3ème… chien 

 

1. De l’amour à distribuer

 

 

C’est le premier argument,  utilisé pour convaincre sa famille d’accueillir un autre chien… Et il est vrai. Qui dit autre boule de poils dit plus de surface à câliner disponible. Tandis que l’un des chiens se repose, l’autre peut réclamer de jouer. Chacun, avec sa personnalité, peut nous faire apprécier la même balade différemment. Le premier, plus calme, renifle deci-delà alors que le second vient proposer une séance à la balle. Les interactions entre eux, même, peuvent dévoiler un autre pan de l’affection : celui que deux chiens peuvent se porter. Faites un feu de camp, il est l’heure de faire fondre la guimauve. 

 

2. C’est stimulant et valorisant

Que notre premier chien soit bien éduqué ou nécessite encore quelques leçons, recommencer de zéro est aussi stressant qu’exaltant. Les comportements de base sont faciles à apprendre : un “assis” obtenu en promenade redevient une victoire insensée. Chaque regard ou rappel nous gratifie d’une poussée de fierté réconfortante. Le lien se crée, deux êtres se découvrent et de nouvelles passions peuvent éclore : qui sait, votre toutou pourrait être le prochain champion d’obérythmée ? Il apprend si vite, a tant de plaisir à faire des tricks. De nouveaux projets et des rêves naissent, rejaillissant peut-être aussi sur le premier chien dont on reprend l’éducation. Quand on se sent stagner dans un domaine, tout reprendre avec l’espoir de mieux faire est vraiment stimulant. 

 

3. Apprendre en multipliant les expériences

Que nous ayons choisi la même race ou une autre différente, notre expérience sur le monde canin va forcément faire un bond. Au lieu d’un seul exemple, nous en avons désormais deux qu’il est possible de comparer. Que ce soit dans la communication canine, ou plus généralement en termes de réussite ou d’échecs, le comportement de nos chiens nous en apprend tous les jours. Ce second toutou, c’est l’occasion de ne plus réitérer les erreurs faites avec le premier, comme le passage par la longe pour l’apprentissage du rappel… Mais c’est aussi l’occasion de se tromper à nouveau, sur d’autres points insoupçonnés comme lui apprendre trop de tricks ou le faire de manière brouillonne.

 

 

Comparer deux caractères, deux manières d’agir différentes, des vertus et des défauts parfois opposés permet d’augmenter notre panel d’expérimentations. C’est aussi l’occasion de diversifier ses activités selon les préférences de chacun : Vous faisiez déjà de l’agility et du nosework ? Et si votre nouvel ami adorait l’obéissance ou le flyball ? 

 

4. Les bénéfices de la vie en meute

Rencontrer des chiens de temps à autre, c’est bien mais ça reste aléatoire. Celui d’en face sera-t-il bien codé ? Auront-ils vraiment le temps de jouer ? Et surtout, cela reste biaisé par une séparation juste après la balade. Quand deux frères poilus communiquent à longueur de journée, ils le font en toutes circonstances. Si votre premier était un peu le “roi” incontesté, il va apprendre à partager, le langage s’ajuste, ils font des concessions. Au fur et à mesure des jours, ils vont évoluer, tandis que vous en apprendrez davantage sur l’heure du repas, le moment de dormir ou le partage des ressources. Fait magique découlant de la communication quotidienne entre deux chiens suffisamment équilibrés : ils deviennent plus tolérants, lisent mieux leurs compagnons. Autrement dit, même pour de nouvelles rencontres, la vie en meute est un avantage, parce que leur langage s’est affuté.

 

5. Division des tâches

Chacun son domaine de prédilection, à nous d’en profiter. Si Fido ne piste pas en forêt et que l’on a besoin de s’inspirer entouré de l’odeur des sapins, c’est l’opportunité de partager un moment privilégié. Quant à Rex, c’est peut-être un ami qui communique très bien avec ses congénères, de quoi enfin faire des balades en groupe. Non seulement chaque chien a son tête-à-tête mais cela permet de diversifier les activités grâce à leurs facilités. Les lieux inaccessibles d’hier à cause de la réactivité de Fido deviennent disponibles grâce aux vertus de Rex. Pareil pour les sports que nous avions parfois dû délaisser : pendant que le premier profite d’une retraite bien méritée, nous pouvons redécouvrir le terrain d’agility avec le second. 

 

Du rêve au cauchemar : planifier ce qui pourrait mal tourner

Avoir un second chien dans la famille est une source de chamboulements merveilleux. Un regain d’énergie pour un duo parfois un peu fatigué, de l’amour à distribuer. Lorsqu’il y a deux humains, le nouveau peut devenir le compagnon attitré du second, ainsi le couple partage ses activités canines sur un point d’égalité. C’est aussi des tonnes de nouvelles découvertes comportementales, éducatives et sportives, bref du bonheur poilu à l’état pur. 

Cependant, le rêve peut rapidement virer acide si l’on ne s’est pas préparé au mieux à ce qui caractérise tout être vivant : des imprévus.

 

1. Moins d’argent dans le compte en banque

En soi, un chien ne coûte pas très cher à entretenir, quand il y a des croquettes pour l’un, il y a pour deux (selon la marque choisie). Malheureusement un animal peut valoir plus que ses vaccins de rappel et ses friandises. Problèmes de santé ou de comportement ? Pire encore que l’addition ponctuelle salée, tout type de suivi nous engage à payer un loyer inattendu régulier pendant des mois voire des années. Si Rex s’installe dans le foyer, son diabète aussi. Et si l’on ne veut pas partir dans les options dramatiques qui arrivent “dans 5 % des cas” il suffit de songer au classique vieillissement du chien. En plus des soins du chihuahua de 13 ans, il faut commencer à songer à ceux de son “petit frère” Berger allemand de 8 ans. C’est encore pire lorsque les toutous ont un maigre écart, par exemple deux Borders de 12 et 10 ans. Le plus jeune peut mal vieillir et rattraper l’autre en frais médicaux. 

 

2. Dédoublement des problèmes

 

 

Avec un peu de chance, le premier chien est suffisamment éduqué et le second n’a pas de problème grave nécessitant une séparation. On évite donc de faire deux sorties dont une certainement éducative et un peu rébarbative. Toutefois, y compris dans le meilleur des cas, on doit s’habituer à gérer deux individus. Ce sont désormais deux laisses qui se tendent chacune de leur côté et s’emmêlent. Lors d’une nouvelle rencontre canine, sont-ils tous les deux à l’aise ? Comment les protéger à la fois si un congénère impoli les harcèle ? S’il est difficile de contrer une situation avec un chien, ça l’est encore plus avec deux. 

En éducation, il faut y songer : quand l’un a fait ses exercices d’autocontrôles, on passe à la suite avec le second qui doit travailler son rappel. Dans les sports, sans surprise, c’est pareil ! Rien que de savoir qu’il faut faire deux sessions d’agility peut décourager et nous mener à finalement… Ne pas bouger du canapé. Idem pour les soins du quotidien. Deux fois plus de bains, de brossages et.. de poils à aspirer !

 

3. Quand l’un progresse, l’autre régresse 

Si deux toutous nous apportent potentiellement plus de joie, nous encourons statistiquement plus de problèmes. Fragilisés par un passé difficile, un souci de santé ou une mauvaise expérience, nos chiens réagissent différemment : ça passe ou ça casse. Deux traumatisés signifient deux réponses potentiellement opposées et donc deux fois plus de chances pour qu’au moins l’un d’eux ne déraille. Faire face à la réactivité (et on ne cite qu’elle car c’est l’un des exemples les plus frappants) de notre compagnon est déjà difficile, épuisant moralement, ajouter le second dont il faut tout de même s’occuper rend la tâche encore plus éreintante. La rééducation d’un côté, l’éducation de l’autre. Quand l’un va mieux, l’autre chute et c’est parfois un cercle infini de problèmes, qu’il touche seulement le premier chien ou les deux… Car oui, parfois et même souvent, les comportements inadéquats se transmettent tel un virus.

 

4. La contamination émotionnelle 

À tort, on croit parfois qu’un chien peut en guérir un autre : entre eux, ils se comprennent et se soutiennent. Il arrive que croyant bien faire, on choisisse un deuxième compagnon pour guider le premier, peureux, apaiser l’anxieux ou rendre le réactif plus tolérant. Mauvaise ode, dans la majorité des cas, ce sont les mauvais comportements qui se transmettent. Les émotions négatives sont beaucoup plus fortes que les positives. Elles dégagent une réelle notion de danger, un mal-être persistant que le chien, en bon animal sociable et empathique, perçoit puis copie. Imaginez-vous vivre avec une personne dépressive pendant des mois. Malgré toutes vos tentatives pour l’aider, vous finiriez certainement affecté. Si vous aviez un chien qui détruit, attendez-vous a rapidement devoir en gérer deux.

 

5. L’effet de meute

 

 

Découlant en partie du point soulevé précédemment, l’effet de meute pousse naturellement des chiens à s’entraîner dans leurs mauvais comportements. Si l’un d’eux est attaqué (ou attaque) par un congénère, son compagnon cherchera à le défendre. Les chiens n’ayant aucune notion de justice, ils ne vont pas essayer de savoir qui a raison, choisissant automatiquement l’individu qu’ils connaissent pour se joindre à lui. Excités par la situation, ils le sont davantage encore par leur “frère” et s’ils n’étaient pas encore passé au stade suivant, il se peut qu’à deux, ils osent. Les chiens se contaminent émotionnellement mais rétro-alimentent aussi leur propre problème de base, l’empirant drastiquement. On ne compte plus les histoires dramatiques des parcs canins, où un chien se retrouve pourchassé, acculé ou attaqué par toute une meute rendue folle par l’excitation ambiance. Pris un à un, ces chiens n’auraient causé aucun problème, mais ensemble, c’est une autre histoire.

 

Une décision à prendre en connaissance de cause

Quand on veut intégrer un nouveau chien dans le foyer, il ne s’agit pas seulement de choisir sa race. Il faut aussi se demander quand et comment l’accueillir. Êtes-vous prêts à faire face au pire des cas évoqués : une longue maladie, beaucoup de rééducation, une contamination émotionnelle. Sauriez-vous gérer deux chiens, offrir du temps à chacun même lorsque vos horaires sont particulièrement chargés ?  Prenez le temps d’en discuter avec les autres membres du foyer, qu’ils soient majeurs ou mineurs. Enfin, analysez objectivement votre chien : son âge ou son comportement sont-ils adéquats à l’arrivée d’un petit nouveau ? Bien sûr, songer au pire est assez déstabilisant, même un peu déprimant mais il n’y a qu’ainsi que vous pouvez être certain de vous prémunir au maximum et d’accueillir ce deuxième chien dans les meilleures conditions qui soient. 

 

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