Le puppy blues – un ressenti tabou 

Vous l’attendez depuis deux mois, ou deux ans. A son arrivée dans votre foyer, vous n’en revenez pas. Il était si petit, si mignon ! Il peinait à marcher droit, s’intéressait à tout et même le voir ronger un lacet vous attendrissait. Mais après quelques semaines, la responsabilité vous étouffe. Ce chiot si mignon vous épuise mentalement. Il faut le surveiller, rediriger la gueule avide, nettoyer la centième flaque d’urine, gérer les troubles avec les autres animaux de la maison… Vous commencez à vous dire que c’était une mauvaise idée de le prendre. Vous vous sentez nulle, pas à la hauteur, désemparée… Vous êtes en plein dans le “puppy blues”.

Inspiré du terme « baby blues », le “puppy blues” se produit après l’arrivée d’un nouveau chien au sein du foyer (souvent jeune, mais pas toujours !). Il s’agit d’un sentiment d’incompétence, d’épuisement voire d’irritation envers cette petite créature joyeuse mais souvent destructrice qu’est le chiot. Ce phénomène est souvent causé lorsque la réalité se heurte aux attentes que l’on projetait sur notre futur compagnon.

Un terreau fertile pour le puppy blues : l’attente et les attentes !

Dur dur de grandir sans animal de compagnie quand on adore les bêtes. Mais comme moi, vous avez sans doute entendu tous les arguments. On a pas la place, pas le temps, pas le budget, tu ne t’en occuperas pas… Chez moi, c’était niet, même pas pour un hamster ! Une fois à la fac, j’ai été plus sage que prévu, j’ai attendu deux ans avant d’avoir un chien. Nourrie aux “Lassie”, “Air Bud” ou “L’incroyable Voyage”, je m’attendais à un meilleur pote avec lequel faire les 400 coups. Devant ce chiot australien qui défonçait les pipi-pad et se taillait pour dire bonjour à tout le monde, j’avais du mal à ne pas me sentir lésée. Est-ce que j’étais la seule à avoir un ingrat ?! 

Cette trame se répète avec mille variantes. On réserve un chien pour dans 2 ans, parce que la liste d’attente chez l’éleveur est longue. Ou on veut une race spécifique mais il faut avoir la maison d’abord. Et plus le temps passe, plus on s’imagine des choses… Et plus on s’éloigne de la réalité. Quand petit chien débarque, il ne correspond à rien, est “trop” ceci et “pas assez” cela. On se dit alors qu’on a peut-être fait le mauvais choix…

Cible principale du puppy blues, les 1ers propriétaires (très) bien renseignés

Fervents passionnés, ils dévorent tous les blogs, suivent mille groupes facebook et collectionnent les livres. Ils en savent d’ailleurs plus que la plupart des propriétaires ! Ils veulent le meilleur pour leur futur chien, et mieux encore, ils ont l’intention louable d’être le meilleur humain possible. Leurs attentes sont hautes mais plus proches de la réalité. Oui, ils connaissent les problèmes liés à la race de leur futur chien. Oui, ils savent que le croisé rescapé de SPA sera peut-être anxieux ou réactif. Ils sont prêts et n’idéalisent pas. Le seul problème ? Si toutou ne répond pas aux protocoles conseillés dans les livres, ils seront désemparés. 

C’est qu’avoir un chien, c’est dur quand on veut bien faire. En positif, nos attentes personnelles sont énormes. Tous les échecs sont de notre faute, et la culpabilité pèse lourd ! Sortir bébé chien toutes les deux heures nuit et jour pendant 15j, et le voir uriner sur le tapis à chaque retour de balade, ça use. Retirer les câbles, chaussures et mouchoirs de sa gueule et lui proposer autre chose, ça ronge. Et comme en positif on ne réprimande pas, mais on essaie de comprendre la cause et d’agir en amont, la frustration monte sans exutoire. A un moment, ce chiot tant attendu… On le hait. Parce qu’on se hait de ne pas être à la hauteur.

Puppy parfait… Mais puppy blues quand même.

Certes, gérer un chiot au quotidien est épuisant. Entre les sorties, la socialisation, l’apprentissage de la propreté et des règles de la maison, trouver un rythme et apprendre à le connaitre… Il y a de quoi faire un burn-out ! Ajoutez par dessus les éventuels problèmes (il est vraiment trop peureux, ou trop amical et saute sur tout le monde, pleure tout le temps ou détruit beaucoup…) Et c’est la cata. 

Mais parfois… Parfois tout se passe très bien ! Bébé chien est incroyable, il nous colle et se comporte comme le meilleur des acolytes. Il est drôle mais sage, c’est le puppy parfait. Et pourtant, on peut ressentir le blues. Il ne ressemble pas assez à notre précédent chien décédé, on s’attendait à autre chose, ou alors il est tellement génial qu’on se sent indigne de lui. Moins évident, ce puppy blues reste pour autant réel et valide.

Comment sortir de son “puppy blues” ?

Une fois la cause comprise (un paragraphe vous a sûrement plus parlé qu’un autre !) on peut mieux comprendre ce phénomène. Est-on trop fatigué, submergé, frustré ? La première chose à réaliser, c’est que vous n’êtes pas seule à ressentir cela. Si le baby blues naît d’une chute hormonale, sa version canine se joue surtout mentalement. Savoir qu’on est pas horrible à s’éloigner de son chiot, à penser à le rendre parfois… Ça aide ! C’est une phase, et vous allez la dépasser. 

Etape 1 : Prendre de la distance

Même si une introspection aide toujours, ici on parle littéral. Demandez à votre conjoint(e) de gérer le chiot pour quelques jours, ou confiez-le à de la famille, des amis. Profitez de ce temps pour vous reposer (la fatigue n’aide jamais !). Faites des nuits de 8h, et préparez votre plan d’attaque pour la suite. Petit chien pleure chaque soir ? Laissez tomber l’idée de le faire dormir seul au début. Mettez son panier dans votre chambre. Il détruit ? Installez un parc à chiots. Il est terrifié par tout, ou agresse ses congénères ? Contactez un éducateur !

Etape 2 : Se retrouver avec puppy

En phase de blues, on voit moins la bouille mignonne. Quand on toise Fido, on ne voit plus que les flaques d’urine, la paire de basket bouffée et la laisse tout le temps tirée. L’affection peut s’étioler, et l’animal n’est plus qu’une outre à déjections qui a foutu votre monde sans dessus dessous.  Prenez du temps avec lui pour retrouver cette étincelle. (Est-ce qu’on ne pourrait pas lire cette phrase sur Meetic ? Oui, on en est pas loin). Asseyez-vous par terre, jouez avec lui, câlinez-le jusqu’à ce qu’il s’endorme. S’il fait beau, allez dans un parc, mettez-le en longe de 5m et posez-vous pendant qu’il joue avec les papillons. Apprenez-lui des tours amusants et faites votre show devant vos amis ! En bref, passez du temps de qualité avec votre protégé.

Etape 3 : Repartir du bon pied

Ça va mieux ? Vous avez eu quelques jours pour souffler, pris du temps avec bébé chien et êtes à nouveau prête pour l’aventure ? Parfois, avoir une méthode toute tracée aide à retrouver le cap. Travailler son éducation par de petits jeux amusants permet de créer du lien et vous servira par la suite. Inspirez-vous de vidéos, de blogs, de forums ou de groupes facebook ! Si besoin, notre programme Mission Rappel est tout prêt pour vous. Avec une méthode prouvée sur +2.500 élèves, les 50 exercices et jeux vous garderont occupés (et feront de Puppy un parfait citoychien !)

La théorie des “2”

C’est une façon simple de se représenter l’évolution d’un animal intégré récemment au foyer. 2 jours post-adoption pour que le stress d’un nouvel environnement s’évapore. 2 semaines pour qu’il commence à créer un lien avec vous. 2 mois avant qu’il ne commence à vous voir comme un référent de confiance et soit rodé aux habitudes de votre foyer. Même si le coup de foudre existe.. Créer une nouvelle histoire avec une créature qui ne parle pas la même langue que nous, c’est dur !

Prenez votre temps. Faites-vous aider si besoin. Offrez-vous la possibilité d’échouer, d’apprendre et de vous ajuster. Laissez Puppy grandir, ne précipitez pas trop de choses. Vous allez y arriver, vous n’êtes pas incompétente ou nulle. Votre chiot ne vous déteste pas (promis !) Et surtout… Nourrissez-vous de moments de complicité quand les temps sont durs !

1 réflexion au sujet de « Le puppy blues – un ressenti tabou  »

Les commentaires sont fermés.