Passer de l’éducation coercitive à positive : faire le grand saut

L’éducation coercitive, très prisée dans notre pays, cadre sa pensée en deux points. Féliciter les bons comportements (d’une caresse le plus souvent) et punir les mauvais (haussement de ton, coup de laisse). Parfois, on peut se sentir un peu mal à l’aise dans ce modèle, à corriger constamment un chien qui ne comprend pas. A répéter la même commande et voir son chien ralentir de plus en plus son exécution. Aimeriez-vous plus collaborer avec Fido au lieu de lui ordonner ? Vous sentez-vous mal lorsque vous le voyez ployer l’échine sous vos récriminations ? L’éducation positive est pour vous, une alternative à envisager. Mais comment sauter le pas ? Comment éduquer sans punir ? Comment donner des friandises sans devenir un distributeur ? Comment gérer le regard des autres, être positif sans être permissif ? C’est ce que nous aborderons dans cet article, garanti sans jugements de valeur. 

Délaisser la punition, ne serait-ce que le « non ! » n’est pas une tâche aisée. Cependant, il est tout à fait possible d’avoir une éducation pointue sans distribuer des saucisses à chaque « assis ». On laisse tomber ses besoins de contrôle et les solutions rapides pour plonger dans la compréhension de notre canidé. 

L’éducation n’est pas un combat de boxe

Dans les livres comme dans les clubs canins, l’éducation du chien se transmet presque toujours de la même façon : félicitez Médor quand il fait quelque chose de bien (mais pas trop quand même !) et punissez-le s’il « fait une bêtise ». Soyez ferme mais juste, aimez-le mais ne le traitez pas comme un enfant. Ne le réconfortez pas s’il a peur, et surtout, restez le chef de meute en toutes circonstances. En soi, ce résumé semble être un jeu d’enfant. Avoir une main ferme dans un gant de velours. Pourtant, notre relation avec un chien ne se résume pas qu’à se faire obéir. Combien d’entre nous avons appris, déconfits, qu’il était interdit de câliner toutou sur le canapé au risque qu’il nous domine ? Combien de femmes ont pu entendre “il faut être plus sévère sinon il va te bouffer” car nous étions “moins alpha” que les mecs ?

L’éducation positive reste de l’éducation. Seulement, on peut éduquer sans en faire une joute. Ce n’est pas à qui tire le plus fort, à qui crie le plus loin, à qui fait le plus mal. Ce n’est pas le collier contre les crocs. C’est une affaire de réflexion. Il faut être capable de réfléchir et d’analyser une situation, et de remarquer les petits détails. C’est finalement bien plus valorisant de réussir grâce à son intelligence. 

Il est très facile d’être coercitif ou permissif – moins d’être “positif”

L’éducation coercitive se caractérise par l’usage de la punition (“non”, saccades sur la laisse, etc). La permissive se distingue par son absence totale (quoi que le chien puisse faire, on effectue absolument aucune action pour cesser ou diminuer le comportement problématique). 

L’éducation positive est à tort, confondue avec le permissif. En positif, on prend des mesures pour faire cesser ou diminuer ledit comportement problématique. Seulement, il ne passe pas par des réprimandes verbales ou physiques, mais par des “retraits de privilèges ».

Toutou tire en laisse ? On s’arrête. Il tirait pour aller renifler, notre arrêt bloque son action. Dès qu’il détend la laisse, on le laisse de nouveau agir comme il le souhaite. 

Toutou veut poursuivre les vélos ? On le met en laisse. Il voulait courir par jeu ou par instinct de prédation (chasse), mais il faisait peur aux cyclistes. On lui retire donc le privilège de la liberté. Dès qu’il redescend en excitation, on le relâche. 

Ainsi, sans lui crier après, sans être toujours derrière son dos, on communique, en passant un contrat tacite. “Si tu te comportes bien, je te félicite et tu peux agir comme tu veux. Si tu es une nuisance pour les autres, tes privilèges sont retirés”. 

Comprendre les causes pour moins punir

En fait, on « punit » très peu en éducation positive. Certes, comme cité précédemment, on retire les privilèges (pourquoi laisser Rex divaguer en forêt s’il ne revient pas au rappel ? Autant le garder attaché avant qu’il ne traverse une route !). À partir du moment où un comportement nous dérange (et cela varie pour chacun), on s’interroge : pourquoi mon chien fait-il ça ? 

S’il court après les cyclistes, on peut crier “non !” et le disputer en espérant qu’il comprenne. On peut aussi l’attacher jusqu’à ce qu’il se calme. Mais idéalement, on doit se demander “pourquoi ?” pour adapter la solution. Est-ce qu’il chasse parce qu’il manque d’exercice ? Alors on sort plus souvent ! Est-ce qu’il chasse parce que c’est un berger et que la prédation est ancrée dans ses gènes ? Alors on lui apprend des autocontrôles ! Est-ce qu’il chasse parce qu’il en a peur ? Alors on le récompense à chaque fois qu’il en voit un, pour qu’il associe vélo = nourriture, donc vélo = cool !

Pour ces 3 problèmes, la punition aurait pu temporairement camoufler le problème, mais pas l’émotion derrière, qui réapparaîtra d’une façon différente, et peut-être largement amplifiée. 

Récompensez tout, n’importe quand

Lorsqu’on transitionne de l’éducation coercitive à l’éducation positive, on a beaucoup, beaucoup de mal à donner une friandise. On a appris qu’elle était précieuse, et qu’elle se méritait. Or, il est important de comprendre que la friandise sert de bouton “j’aime !” pour toutou. Elle renforce les attitudes que vous aimez, et solidifie les apprentissages. Il s’assoit quand vous vous arrêtez ? Récompensez ! Il est lâché mais reste au pied ? Récompensez ! Il regarde un vélo au lieu de lui aboyer dessus ? Récompensez ! Soyez joyeux, enfantin, réjouissez-vous de tout, félicitez beaucoup. Lâchez votre dureté martelée dans les livres et par vos moniteurs de clubs. Quittez ce ton rigide qu’on vous a appris à mesurer. Criez, courez, prenez autant de plaisir que vous le souhaitez dans l’éducation de votre chien ! 

Si vous envisagez cette transition, c’est parce que la dimension très rocailleuse de l’éducation traditionnelle vous déplaît. Vous ne raterez absolument rien en donnant des bouts de poulet à votre toutou. Simplement, donnez-les quand ils ont un sens. Pour marquer un comportement que vous voulez voir réapparaitre. Pas parce que Médor est gentil, mignon, mais parce qu’il a été sage pendant la balade ou parce qu’il le mérite. Récompensez beaucoup, mais avec sagesse. 

Le rôle des médias

Toute notre vie a été entourée de ces vieilles croyances sur le chien dominant qu’il faut soumettre (démenti depuis 1960). Les films, séries, et même les informations ne donnent la parole qu’aux sexagénaires, qui nous indiquent comment mettre le chien sur le dos pour qu’il nous écoute. Je me souviens encore qu’enfant, je dévorais les magazines sur les chiens, et que chaque mois paraissait une nouvelle technique. Je me revois encore, mettre mon chien sur le dos en claquant de la langue, opération qu’il avait par chance, toléré avec une patience infinie. Si tout le monde s’accorde sur l’idée qu’il faut éduquer ainsi, comment imaginer qu’il existe une autre méthode ?

Aujourd’hui, les intervenants commencent à varier, et offrent des alternatives qui peuvent planter quelques graines. L’éducation positive se diversifie, mais on édite encore des livres qui expliquent comment mettre ses mains dans la gamelle du chien pour éviter la protection de ressources (ne faites pas ça !). Pour apprendre à éduquer correctement, fuyez les librairies et les émissions grand public. Fouillez les blogs spécialisés, à la recherche de livres, de méthodes et de protocoles qui vous aideront à mieux comprendre et éduquer votre chien. 

La remise en question est une chute douloureuse

Quand on commence à douter sur les biens fondés de sa méthode d’éducation, les questions affluent, et les réalisations aussi. Toutes les personnes ayant opéré ce changement vous le diront : il n’y a rien de pire que cette période où nous ouvrons les yeux sur toutes les erreurs que nous avons pu commettre. Parfois à contrecœurs… Parfois de plein gré. Nous nous revoyons hurler sur un chiot paniqué, donner des coups de laisse à un chien perdu, vociférer après un rappel raté. 

Nous repensons à tous ces moments où nous avons paradé devant des inconnus ou des amis, en étalant notre science. A ces chiens que nous avons plaqués fièrement sur le dos, à notre absence de doute. A notre admiration envers des professeurs ravis de partager leurs connaissances. 

Perdre ses vieux réflexes est une tâche compliquée. Quand des années de club nous ont enseigné que si Médor n’obéit pas, c’est qu’il se “fout de notre gueule” et qu’il faut “durcir le ton”. Comprendre pourquoi passer les portes avant lui, manger en premier ou refuser ses demandes d’affection ne se basaient sur rien. C’est libérateur, mais douloureux, et c’est une démarche solitaire. 

Vos pires ennemis seront… Vos amis, et vos doutes

Pendant la transition entre deux méthodologies, deux éthiques, deux façons de voir le monde, les frictions vont se multiplier. Votre famille s’amusera des friandises distribuées en grande quantité, vos amis s’indigneront des régressions possibles de Médor, moins opprimé par les corrections… Les voisins rouleront des yeux devant votre longe de 5m, votre budget « renforçateurs » triplera. Les problèmes comportementaux couverts par un peu d’oppression referont surface, et sans la punition systématique, il faudra trouver de nouveaux axes pour travailler. Les efforts mèneront à des résultats plus durables, mais demanderont plus de temps. Dans ces moments difficiles, gardez le cap ! Pensez à tout ce qui vous a fait changer d’avis et de méthode. Bétonnez vos convictions. Regardez l’attitude de votre chien changer, son énergie revenir petit à petit, son pas devenir plus bondissant, ses regards vers vous plus nombreux, ses marques de tendresse plus fréquentes…

Avoir un cercle d’amis convaincus par les mêmes principes facilite grandement notre évolution vers des méthodes respectueuses. Cependant, si vous lisez cet article, c’est probablement parce que vous vous sentez bien seul dans votre démarche. Trouvez des personnes qui pourront vous guider, répondre à vos questions. Formez-vous avec des professionnels et tissez des liens pendant des conférences ou des stages ! Mieux encore, nous sommes très nombreux à avoir initié notre chien à l’éducation positive, et petit à petit, nos propres amis ont suivi ! Eh oui, quand on réussit sans mettre à mal sa relation avec Médor, les remises en question s’enchainent…

Ressources, livres, formations et solutions

La difficulté de l’éducation canine, c’est que tout le monde en parle, personne n’est d’accord, et pas grand monde n’est vraiment formé. Je le sais – je suis passée par là. En 2010, il n’y avait que les forums pour m’éduquer, et sur une simple question comme “mon chien pleure la nuit, que faire ?” il y avait mille réponses, toutes opposées. Dix ans plus tard : toujours pareil. C’est donc très compliqué d’évoluer dans un milieu où chacun contredit son voisin. C’est dans cette volonté que nous avons créé “Mission Rappel”. 

Basée sur l’apprentissage du rappel (vous l’avez deviné, hein ?) cette formation décortique tous les points clés de l’éducation positive. Comment on crée des comportements et on les entretient, comment on gère les erreurs, l’importance de l’échelle des valeurs, façonner un comportement rapide, précis et immédiat, ou le très demandé thème de “comment se passer de la friandise”… Nous y avons ajouté des exercices d’autocontrôles, pour que Fido résiste aux lapins ou aux restes de frites à terre, ainsi que des exercices pour tisser, ou recréer le lien entre l’humain et le chien. 

Est-ce que c’est LA formation miracle, parfaite, qui règlera tous vos soucis ? Non. Mais sur 5 mois, elle vous offre une base solide, facile à comprendre et à appliquer, et vous épargne des heures de galère sur des groupes facebook conflictuels ou des forums dédaigneux. Vous pourrez la compléter avec votre expérience, remettre en cause certaines choses avec le temps, et modifier des exercices pour correspondre à votre duo. Depuis 2020, nous avons formé plus de 1500 personnes, et des centaines de témoignages montrent que non seulement les chiens ont drastiquement évolué, mais leurs propriétaires également ! (regardez la vidéo ici)

Alors, si vous avez besoin d’un peu d’aide pour franchir le pas, nous sommes là.

Nous avons une formation gratuite pour vous lancer avec quelques exercices de Mission Rappel, ou un ebook « Initiation à l’éducation positive » de 12€ contenant 70 pages de conseils pratiques prêts à être mis en place.

Encore un doute ? Ne déboursez même pas 1€ : commencez déjà par lire la centaine d’articles sur le site, ou nos diaporamas sur instagram

 

2 réflexions au sujet de “Passer de l’éducation coercitive à positive : faire le grand saut”

Répondre à Ponsart Martine Annuler la réponse